Plan vélo 2018 : l’Etat pédale

Le présent article est la transcription de la chronique d’Anne Trewby et Iseul Turan pour le Café des Antigones en octobre 2018 que vous pouvez retrouver en version audio ici ou ici

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Vous avez certainement entendu parler du « plan vélo », ces 25 mesures annoncées par le gouvernement pour tripler la part du vélo dans les déplacements quotidiens des français d’ici 2024. On en a ri, surtout lorsque le gouvernement s’est senti obligé de poser devant l’Elysée à vélo, abandonnant pour l’occasion chauffeurs et vitres fumées. Le sujet est pourtant tout à fait sérieux dans la mesure où il témoigne là encore d’une inquiétante dérive totalitaire d’un Etat devenu tout-puissant.

Pour faciliter la circulation à vélo, ce plan prévoit un appel à projet pour assurer la continuité dans le réseau des pistes cyclables. 350 millions d’Euros y seront dédiés. Le vélo ne représente pourtant que 4% des déplacements des Français, et 10% d’accident de la route. Le projet fait sourire quand on pense à l’état de certaines routes françaises fissurées et jalonnées de nids de poule. Ce gouvernement a décidément le sens des priorités. Pérenniser et améliorer les infrastructures routières existantes en intégrant une place de choix aux pistes cyclables, pourquoi pas, mais un tel projet nécessiterait une réflexion un peu plus approfondie sur la question des transports. L’exemple parisien laisse à ce titre songeur, avec une augmentation de plus de 22% d’accident depuis 2010…

Passés spécialistes dans l’art de la bonne excuse, nos gouvernants justifient leurs mesures par leur haute conscience écologique. Il semblerait que plus les ficelles sont grosses, plus on fait avaler de couleuvres aux Français : on limite les libertés publiques pour limiter le terrorisme, on fait travailler les femmes dans la précarité le dimanche pour favoriser l’égalité et on fait pédaler les travailleurs pour sauver la planète. Rien que ça. Le simplisme de tels argumentaires est révélateurs du mépris croissant des élites, qu’elles soient politiques ou médiatiques, pour les masses, qui ne comprennent décidément pas que d’autres puissent savoir ce qui est mieux pour eux sans daigner les consulter.

Le plan vélo 2018, c’est le totalitarisme à grands coups de bisous. L’Etat, supposé être garant de l’ordre public, se donne désormais pour objectif de modifier les comportements quotidiens en vue de façonner l’homme nouveau qui servira l’idéologie du moment : un jeune professionnel célibataire, urbain et connecté, qui consomme bio, passe ses week-ends dans des expos d’art contemporain et ses soirées à questionner les limites de sa sexualité, le tout à vélo bien sûr. In fine, c’est un être humain déraciné, sans attaches ni géographiques, ni historiques, ni familiales, qui n’existe que dans un face à face dangereux avec l’Etat.

Pour couronner le tout, ces nouvelles mesures seront l’occasion de récolter de nouvelles données statistiques sur les Français, de mieux cerner leurs comportements et de mieux tracer les habitudes quotidiennes de chacun. Le plan vélo 2018, c’est aussi le fichage généralisé. Il prévoit en effet l’immatriculation systématique des vélos neufs dans un premier temps, puis des vélos d’occasion. Il n’y a décidément plus grand-chose qu’on puisse prêter, échanger, donner sans contrôle étatique en France. Mais bon, il faut bien lutter contre le marché noir et la fraude fiscale : tous ces vélos qui échappent à la TVA, ma bonne dame… Quel manque à gagner ! Evidemment, un fichier consultable par la police sera constitué. On ne sait jamais, il pourrait s’avérer utile lorsqu’un terroriste décidera de lancer une attaque kamikaze avec le vélo qu’il aurait acheté à la brocante du coin.

 

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