Le présent article est la transcription de la chronique d’Anne Trewby et Iseul Turan pour le Café des Antigones en février 2019 que vous pouvez retrouver en version audio ici ou ici
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Avec le vote de l’instruction obligatoire dès 3 ans et non plus 6 il y a quelques jours par les députés français à 95 voix pour et seulement 11 contre, nous nous résignons à un constat amer : il n’y a plus personne qui comprenne l’importance de se battre pour des principes.
Lorsque des lois touchent au porte-monnaie des Français, nous voilà tous debout. Les mesures économiques atteignent directement notre quotidien. On le voit avec le mouvement des Gilets Jaunes : il ne s’agit pas de se battre par appât du gain, mais pour que chacun puisse manger à sa faim, et vivre de son travail. C’est la base de la Justice. Malheureusement les choses se corsent lorsque sous couvert de sécurité, nos représentants votent des lois liberticides …
Nous faisons l’amer constat qu’entre la liberté et une prétendue sécurité, le grand public opte toujours pour la sécurité. L’excuse du jour de l’Etat pour établir des lois liberticides, c’est l’Islam. Les lois sur l’état d’urgence, la loi de programmation militaire, les multiples propositions de lois diverses et variées pour limiter les possibilités d’école hors contrat et d’instruction en famille sont passées quasi inaperçues ou même ont été plébiscitées par les Français sous couvert de la lutte contre l’Islam !
C’est que, ma bonne dame, elles sont là pour nous protéger toutes ces lois. La menace ultime, le grand méchant loup face à la frêle et innocente petite République … c’est l’Islam ! Le fondamentalisme fait rage, les attentats se multiplient. La peur croit, et le législateur se frotte les mains. On entend dire que si les islamistes s’en prennent à la sacro-sainte République française, c’est qu’ils ne l’ont pas bien comprise, ils n’en n’ont pas eu assez, de République.
Alors Ecole républicaine pour tous, obligatoire, dès 3 ans, c’’est le point de départ idéal pour atteindre le mal à la racine. Dès 3 ans, on pourra non seulement contrôler ce que pensent leurs enfants en passant plus de temps avec eux que leurs parents eux-mêmes, mais de surcroît, on tendra une oreille attentive au naïf récit de la vie familiale pour y traquer toute déviance potentielle.
Pendant ce temps-là, il n’y a personne pour dénoncer cette emprise croissante de l’Etat sur nos vies, sur nos choix personnels, et dans ce cas précis, sur nos responsabilités parentales. Les lois sur l’école, et notamment sur l’instruction en famille, passent trop souvent pour des lois inutiles au regard du petit nombre de personnes qui exercent cette liberté, pourtant fondamentale, de pouvoir choisir librement et complètement l’éducation de leurs enfants. Il ne s’agit pas ici de juger des choix de chacun. De toute façon, les familles ont dans la réalité bien peu de marge de manœuvre pour exercer en ce domaine une véritable liberté, contraints qu’ils sont par une réalité économique et professionnelle de plus en plus implacable. On n’est pas libre quand il n’y a qu’une voie possible.
La lutte contre le fondamentalisme religieux n’est au regard de cet impératif qu’une excuse fallacieuse. Les derniers islamistes français en date avaient d’ailleurs bénéficié des bons et loyaux services des écoles françaises. Le problème n’est pas la transmission de valeurs contraires à notre héritage : elle se fera de toute façon, école ou pas école, contrôle ou pas contrôle. Le problème, c’est la présence en nombre massif sur le territoire français de personnes dont la culture est fondamentalement opposée à la nôtre, mais aussi l’influence économique et culturelle croissante de pays qui veulent la mort de notre civilisation, à l’image du Qatar et de l’Arabie Saoudite pour ne citer qu’eux. Le problème, c’est le refus de parler de frontières, de choc des cultures et de religion.
Le problème est surtout que de peur de fâcher, de subir l’opprobre générale, nous préférons sacrifier nos libertés publiques que d’oser évoquer ouvertement les sujets qui fâchent alors que nous savons bien qu’aucune des mesures liberticides que nous pourrions adopter ne nous protègera de l’effondrement de notre civilisation.