Groupe féministe basé en Ukraine, une république ex-soviétique, les Femen se sont fait connaître depuis quelques années par des actions provocatrices de grande ampleur et une stratégie systématique de confrontation.
L’une de leurs pratiques emblématiques consiste à manifester seins nus afin d’affirmer que leur corps n’est pas un instrument au service d’une société patriarcale, mais qu’il leur appartient. Le corps des femmes étant instrumentalisé en permanence par les hommes et les médias, leurs manifestations sont une façon de se réapproprier le corps féminin comme symbole de résistance contre la société patriarcale. Se dénuder est donc un moyen par lequel les femmes peuvent « récupérer leur corps » dans le combat d’ensemble contre un système patriarcal.
Certains milieux féministes approuvent cette logique, mais je n’entends pas discuter ici des tactiques féministes. Je veux montrer que la volonté des Femen d’universaliser leur type de féminisme confère un caractère néocolonial à leur militantisme et à leur organisation. La question de l’universalisation du féminisme n’est pas nouvelle. La première vague féministe en Europe et aux Etats-Unis a été confrontée au même problème : les femmes fondaient leur féminisme sur leur propre expérience et entendaient le faire adopter par les femmes du monde entier, lesquelles vivaient pourtant des expériences totalement différentes.
Elles ignoraient également le fait que leur propre existence affectait celle des femmes vivant dans d’autres pays et sur d’autres c…