Covid-19, confinés volontaires, citoyens réfractaires

Face à la pandémie actuelle de Covid-19, le confinement apparaît désormais comme la seule solution, inévitable, inéluctable. Plus d’un milliard de personnes sont actuellement assignées à résidence sans autre possibilité que d’obéir. Edouard Philippe a annoncé hier les premières mesures de déconfinement pour le 11 mai. Effet d’annonce ou réalité, qu’importe, le chantage et la culpabilisation des Français, lui, est bien réel. 

Le débat n’a jamais eu lieu sur les réponses à apporter à la pandémie actuelle de Covid-19. On nous objectera qu’il n’y avait pas le temps, qu’il fallait agir vite, des vies étaient en jeu, et le sont toujours d’ailleurs. Evidemment, le débat n’empêche pas le bon sens. Et justement, ce choix du confinement apparaît à l’examen un constat d’impuissance plus qu’une réelle solution. Quant aux mesures de déconfinement annoncées par Edouard Philippe hier, elles ont plus le visage d’une liberté surveillée que retrouvée. Le tout enrobée de menaces à peine déguisées. 

Pourquoi sommes-nous confinés ? Tout simplement parce que le pic épidémique tel qu’il aurait été sans cette mesure était ingérable pour nos systèmes de santé.  La faute n’est pas au virus, une fois encore, mais aux choix politiques de ces dernières années : nous n’avons pas assez de matériel, pas assez de places dans les hôpitaux et pas assez de personnel soignant pour gérer un tel afflux de malades. Pris à temps, le Covid-19 est dans une grande majorité des cas soignable. Mais que voulez-vous que fassent nos médecins quand ils se retrouvent face à des patients déjà en détresse respiratoire ? C’est en amont qu’ils auraient pu agir. On ne leur en a pas laissé les moyens.  Alors confinons, confinons pour retarder le pic épidémique, pour que nos soignants ne tombent pas comme des mouches, eux-mêmes épuisés et donc vulnérables . C’est-à-dire privons l’ensemble de la population des pays occidentaux de leurs libertés les plus fondamentales, forçons les petites entreprises à la faillite pour masquer leur incompétence, leur imprévoyance face à une épidémie qui était déjà avérée en octobre dernier. Privons de liberté ces populations durablement. Le déconfinement ne sera pas à un retour des libertés publiques (avec précautions sanitaires évidemment), mais une liberté conditionnelle, une commutation de peine en quelque sorte. 

Non, le confinement n’était pas la seule solution – et ne le sera toujours pas lorsqu’une deuxième vague épidémique frappera le pays comme le prédisent certains scénarios. D’autres pays l’ont prouvé. L’Islande est à ce titre exemplaire, avec deux campagnes de dépistage, l’une ciblée, l’autre au hasard et au global plus de 10% de la population testée, ce qui a permis d’organiser une véritable quarantaine. Les personnes dépistées et ceux qui avaient été en contact avec elles étaient invitées à se mettre en quarantaine. Résultat, l’épidémie est restée moindre en Islande et le gouvernement considère que le pic épidémique est passé. Le pays compte seulement 8 morts ! Les lycées, universités, musées et salons de coiffure rouvrent le 4 mai prochain.  

De fait, une quarantaine est effectivement une mesure justifiée face à un risque tel que présente le Covid-19. Une quarantaine n’est pas un confinement général de toute une population.  Isoler des malades pour leur protection et celle des autres n’est pas assigner à résidence l’ensemble d’une population pour couvrir l’incompétence d’un système politique dysfonctionnel. Sauf que le confinement, c’est bien plus pratique qu’une quarantaine pour un gouvernement qui préfère légiférer sans se soucier de l’avis de sa population. Non seulement il évite les manifestations, mais de surcroit il tend à aggraver le confinement mental dans lequel nous nous sommes déjà enfermés : même les plus engagés ont le réflexe une fois assignés à résidence de se retirer du jeu politique pour jardiner en attendant voir ce à quoi ressemblera demain.

Edouard Philippe a annoncé que le confinement serait conditionné aux chiffres de l’épidémie. C’est une menace à peine déguisée. C’est tellement facile de faire parler les chiffres. Il suffit de changer les méthodes de calcul ! Compterons-nous les morts en hôpital seulement, ou ceux qui meurent tout seuls chez eux quelle qu’en soit la cause ? Compterons-nous les nouveaux cas, forcément plus nombreux si le dépistage se généralise, ou ferons-nous un meilleur rapport entre le nombre de contaminés et le nombre de décès ? Dans tous les cas, les résultats seront – selon le bon vouloir du gouvernement – imputés aux Français. Ce sera grâce à leur bon comportement si c’est le bon vouloir d’Edouard Philippe et consorts, ou à cause de leur inconscience s’il reste des lois à faire passer qui font débat.

Alors cessons le confinement mental dans lequel nous avons sombré : ces choix politiques ne sont pas inéluctables. A nous de faire pression avec tous les moyens possibles sur nos dirigeants pour que des tests ciblés puissent être menés, sans traçage, sans géolocalisation, sans fichage – simplement anonymement et en faisant confiance à la population pour prendre ses responsabilités grâce à des mesures sociales et économiques appropriées pour ceux qui devraient se mettre en quarantaine. A nous de faire pression pour que ce confinement délétère cesse et que nos gouvernements prennent enfin leurs responsabilités, pour que les confinements et déconfinements successifs qui s’annoncent ne signent pas définitivement la mort de nos libertés publiques.

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