Un texte d’Anne Trewby et Iseul Turan pour l’ouvrage collectif Europa Aeterna édité sous la direction de David Engels, historien belge, professeur de recherche à l’Instytut Zachodni à Poznan après avoir été professeur à l’Université libre de Bruxelles.
Du ying et du yang chinois à l’union de Shiva et Shakti en Inde en passant par l’ida et le pingala du yoga, les peuples et les civilisations ont toujours cherché à comprendre les enjeux de la sexuation, et à les traduire dans la vie de la cité. Aujourd’hui, ces sagesses lointaines sont globalement mieux connus que notre propre tradition européenne, qui s’incarne quant à elle dans l’idée d’une « complémentarité » des sexes. De fait, cette notion si riche en termes tant symboliques que philosophiques s’est au fil de l’histoire de la pensée et de celle des peuples considérablement appauvrie : l’opposition relative de la philosophie classique, la relation dynamique de nos anciens mythes, est progressivement devenue un dualisme stérile et sclérosant. Nous avons perdu de vue la richesse de notre tradition européenne et nous en payons le prix fort, celui de l’explosion sociale : quotas qui favorisent la misogynie ordinaire, violences qui se multiplient à l’égard des femmes, familles éclatées et divorces en séries, PMA et GPA pour tous et pour toutes, troubles dans le genre… Le corps social des pays européens se disloque à des rythmes différents, certes, mais inexorablement, implacablement, pour aboutir à une juxtaposition désordonnée d’hommes et de femmes isolés et interchangeables.
Il nous faut d’urgence réinvestir cette notion de complémentarité des sexes dans toute la profondeur philosophique, historique et politique qu’elle nous offre. Elle est un héritage commun à l’Europe qui a donné lieu à de nombreux exemples d’organisation politiques et à une grande variété de modèles de sociétés, qui ont tous contribué à la grandeur et à la beauté des nations européennes. Défendons chèrement ce commun comme ces différences dans toute la diversité de leurs expressions : elles ont tant à nous apporter pour demain.
Comprendre la complémentarité
La question de la sexuation est devenue un débat politique européen au fil des contentieux divers et variés sur les législations des pays membres. Loin d’être l’occasion d’une redécouverte de notre héritage, ce débat tend au contraire à favoriser une crispation croissante autour de positions caricaturales. Pour faire bref, la question de la sexuation se résume désormais à l’opposition manichéenne entre une interchangeabilité totale des sexes, et une rigidité caricaturale de leurs représentations symboliques et sociales. La raison d’être de ce dialogue de sourds, c’est que la question a été dès le départ des débats mal posée par les partis en présence.
La sexuation humaine est une donnée du réel. L’humanité est notre nature, notre essence, elle est notre commun ; notre sexuation en est une composante. En cela les termes de « nature féminine » ou de « nature masculine » sont impropres : le sexe féminin ou le sexe masculin, considérés seuls, ne suffisent pas à définir ce qu’est un être humain. Ils fonctionnent ensemble. C’est une des raisons pour lesquelles on qualifie dans la tradition européenne les différences sexuelles de complémentaires : elles n’existent pas l’une sans l’autre. Le sexe n’est pas un accident, au sens philosophique, comme pourrait l’être la taille ou la couleur de cheveux, mais une composante nécessaire de notre humanité, car sans elle pas de génération.
La différence sexuée induit des différences conséquentes dans notre rapport au monde. Notre fertilité, linéaire pour les hommes et cyclique pour les femmes, induit un rapport au temps différent. Nos corps induisent un rapport à l’acte sexuel différent. La gestation par les femmes induit un rapport à l’enfant différent. Autant d’exemples qui montrent à quel point la sexuation a d’importance. Chaque sexe se construit autour de de potentialités qui lui sont propres, qui le constituent et l’unifient à la fois, faisant se rejoindre le vécu individuel subjectif, l’intime, et l’universel. Le sexe n’est pas une donnée purement biologique : il est une dimension signifiante de notre identité. La complémentarité n’est pas une mécanique, avec des sexes qui s’emboîteraient comme deux Lego et se complèteraient parfaitement dans leurs activités comme des corps de métiers connexes. Elle est une relation dynamique.
Dans cette complémentarité, masculin et féminin ne s’opposent pas : ils sont à la fois objectivables, et relatifs. Objectivables parce que la différence sexuée est une donnée du réel nécessaire à la survie de l’humanité – elle s’incarne dans la différence biologique et charnelle des sexes ; et relatifs en ce qu’il existe une palette infinie d’expressions du féminin et du masculin, autant en termes de représentations et d’habitudes sociales qu’en termes de vécus individuels et subjectifs. Le couple féminin / masculin se vit dans le même dynamisme relatif que le chaud et le froid, le sec et l’humide, ou encore le sacré et le profane : il s’agit à la fois de deux réalités objectives perceptibles par les sens, et de notions relatives qui se complètent et se répondent dans une réciprocité toujours renouvelée.
Il est important de rappeler que si le couple en est sa première et sa plus évidente manifestation, la notion de complémentarité le dépasse en effet. Aux hommes et aux femmes se surimposent masculin et féminin qui sont un mode symbolique de compréhension du monde au même titre que le sacré et le profane, le froid et le chaud, le sec et l’humide. La complémentarité est ainsi au-delà de nos identités sexuées l’expression d’une vision du monde : comme le yin et le yang participent de la représentation du monde chinoise, la complémentarité pose des repères essentiels dans le rapport des peuples européens à leur environnement.
Si cette complémentarité structure le monde parce qu’elle en est le fondement et la garantie, le politique est quant à lui, l’organisation matérielle de cette vision du monde. Le rapport entre complémentarité et politique se manifeste donc d’abord dans le choix de chaque société des meilleures manières d’organiser les rapports entre hommes et femmes. Le politique est l’art d’organiser la vie en société en fonction de règles censées assurer la pérennité du corps social et le bon fonctionnement de toutes les activités nécessaires à la vie humaine. La sexuation humaine étant une donnée du réel, le politique y est nécessairement confronté en ce qu’il doit organiser la coexistence non seulement du même, mais du différent, en cela en fonction de ses limites et de ses objectifs propres. Le politique a pour objectif le « Bien Commun », c’est-à-dire la possibilité recherchée non pour soi mais pour tous les autres membres du corps social auquel on appartient de mener une vie bonne. Le politique pose des règles à la vie en communauté de manière d’une part à garantir à chacun l’exercice de ses prérogatives politiques propres – soit un ensemble de droits, libertés, responsabilités et surtout devoirs ; et d’autre part à assurer la cohésion du corps social à partir d’un commun qui lui est propre et de la confiance mutuelle qu’elle se doit d’établir entre ses membres. Notre histoire nous montre à quel point cette organisation a trouvé des expressions nombreuses et plurielles.
Dans les civilisations européennes anciennes, le monde entier jusqu’au moindre de ses détails était qualifié et organisé en fonction de ces dualités fondamentales. Chaque élément du l’environnement était du côté soit du sec, soit de l’humide, soit du sacré, soit du profane, soit du masculin, soit du féminin, etc. Le bon comportement à adopter par rapport à chacun de ses éléments en découlait nécessairement. C’est un rapport au monde que continuent d’entretenir nombre de tribus africaines ou de peuples polynésiens, témoignage qui nous permet de mieux comprendre comment ont pu vivre nos ancêtres. On entrevoit ici une des manières possibles d’articuler complémentarité et politique : à travers une organisation du monde stricte et indépassable en ce que son respect est la garantie du bon fonctionnement de l’univers, tandis que sa transgression serait facteur de chaos.
L’Europe a connu depuis ses premiers moments des évolutions historiques nombreuses qui ont mené à l’abandon progressif de cette vision du monde, qui s’était pourtant largement prolongé dans l’Occident chrétien médiéval, jusqu’aux XIVe et XVe siècles. C’est l’humanisme du XVIe siècle qui marque la première rupture radicale, poursuivie par l’avènement de la pensée rationaliste au XIXe siècle, qui considéra toute pensée mythologique, symbolique ou religieuse comme de l’ordre de la superstition infantile. Ce fut dès lors le règne de l’objectivité scientifique et des classifications. La complémentarité, d’une dualité dynamique et relative, fut réduite à une stricte opposition entre masculin et féminin, chacun étant associé à un ensemble de cases et d’étiquettes indépassables : les femmes sont douces et les hommes sont forts. Cette sclérose de la pensée fut traduite dans des organisations sociales non moins rigides que cette nouvelle perspective philosophique : le XIXe siècle n’est assurément pas le plus tendre pour les femmes, et donna très logiquement naissance aux premiers mouvements féministes.
L’expression politique de la complémentarité : de la réciprocité dans le couple à l’égalité des sexes
Au niveau politique, cette union féconde de l’homme et de la femme qui est la première manifestation de la complémentarité trouve son prolongement dans l’institution du mariage. Sur ce mariage repose toute la celle prépolitique qu’est la famille, elle-même miroir de l’organisation sociale des sexes.
La tradition occidentale a institué comme toutes les autres civilisations le mariage comme prolongation politique de l’union naturelle de l’homme et de la femme. Le mariage européen comporte toutefois plusieurs spécificités : il s’est constitué dès les premières tribus qui ont peuplé notre continent comme majoritairement monogame et indissoluble. L’importance du couple homme-femme est déjà présente en Grèce et à Rome, mais aussi dans les tribus celtes et germaniques, pour ne citer qu’elles. Notre conception occidentale du mariage est très largement héritière du droit romain d’une part, et des us et coutumes germaniques d’autre part. La tradition chrétienne est venue parfaire et codifier cet ordre en en évacuant les exceptions ménagées à la monogamie et en y ajoutant la notion d’indissolubilité. Elle donna par là un sens nouveau à des habitudes pourtant déjà largement ancrées dans les populations européennes et a poussé jusqu’à son plus haut degré cette logique du mariage pensé non comme une simple nécessité naturelle, mais comme un moyen de perfectionnement de l’être dans le cadre d’une dynamique de réciprocité féconde. C’est en cela qu’il offre au couple et à la génération le cadre le plus stable et protecteur, de manière à assurer la pérennité de la société non pas seulement du point de vue de la biologie, mais également du point de vue de la transmission des valeurs, savoirs et savoirs faires.
Nous déduisons de ces constats l’urgence de remettre la famille traditionnelle fondée sur l’union de l’homme et de la femme dans le mariage au cœur de l’ordre social des sociétés européennes, qu’elles qu’en soient les modalités spécifiques d’un pays à un autre. Sa préservation est une condition sine qua non de la stabilité de tout ordre politique naturel ; sa dissolution conduit immanquablement à une atomisation de la société qui livre chaque individu sans défense à un Etat devenu tout-puissant. C’est d’ailleurs vers ce triste résultat que tend l’évolution actuelle des sociétés européennes.
La question des rapports entre hommes et femmes a souvent été limitée à cette question du mariage puisque nombre d’organisations politiques prévoyaient la claustration des femmes dans l’espace du foyer, ou alors une stricte ségrégation des sexes – elle l’est toujours en certains endroits du globe. A part éventuellement dans certaines cités grecques antiques, cette ségrégation n’a jamais été une réalité en Europe. Dès Sparte, dès les Vandales, les Francs et les Germains, et même dans une certaine mesure dans la Rome antique, la société occidentale se caractérise par une bien plus grande mixité des sexes que le reste du monde ne la connaît.
Cette mixité ne fait que croître au fil de l’histoire, et s’accélère notablement avec l’industrialisation progressive de l’Europe, amorcée dès le XVIIe siècle dans certains pays. L’avènement de la société industrielle marque en effet un tournant dans cette histoire : nos sociétés passent alors du statut d’ensemble cohérent structuré par un réseau complexe de relations humaines à un agrégat d’individus isolés et égaux unis par des seuls liens contractuels. Les sociétés européennes se voient contraintes de pousser plus avant l’organisation politique des rapports entre les sexes, complexifiés par une mixité quotidienne croissante sur le marché du travail. Sur ce nouveau « marché du travail », hommes et femmes, dont les travaux et les métiers et aux travaux étaient auparavant largement distincts et séparés, deviennent des ressources interchangeables.
Cette interchangeabilité des hommes est justifiée sur le plan politique par la notion nouvelle « d’égalité ». Or ne nous y trompons pas, l’égalité n’a pas la force structurante d’une vision du monde à part entière. N’en déplaise à certains de ses défenseurs, elle n’est pas un repère du réel : elle n’est qu’un outil d’organisation politique.
C’est à ce titre, et à ce titre uniquement, que l’égalité a un intérêt et une richesse propres. Elle répond à l’enjeu crucial de la reconnaissance des pairs : il s’agit de traiter de manière identique des personnes dont on juge qu’elles doivent être traitées comme telles. C’est-à-dire en quelques mots que l’égalité est un outil d’organisation du même. Lorsqu’elle dépasse ce cadre, elle devient immanquablement idéologue – c’est l’égalitarisme à la française, qui cherche à faire plier la réalité à ses fantasmes.
L’égalité est un outil intéressant en ce qu’il permet de traiter par le commun les rapports entre hommes et femmes : au nom de notre humanité partagé, il est nécessaire d’établir dans certaines circonstances entre les sexes un rapport d’égalité. Leurs différences impliquent par contre des correctifs à cette notion d’égalité : c’est là qu’intervient son corolaire intelligent, la notion d’inégalités protectrices. Il s’agit dans des situations de vulnérabilité objective d’offrir aux uns ou aux autres une protection juridique supplémentaire. Il s’agit, autrement dit, d’appliquer à des situations différentes des traitements différents, en vue d’une plus grande justice. Ces inégalités protectrices doivent être pratiquées en vue de l’intérêt général, trouver leur limite dans l’objectivité des différences de situation et n’être que des exceptions à l’égalité devant la loi. La différence sexuelle peut ainsi, dans des situations concrètes comme la maternité, ou la fragilité objective de la femme face aux violences, fonder de justes mesures protectrices, quoiqu’inégalitaires.
Ne nous laissons pas aveugler par les dérives potentielles de cette notion d’égalité, lorsqu’elle est envisagée comme une grille de lecture du monde devant laquelle le législateur cherche à faire plier la réalité. L’égalité est un outil politique utile et fonctionnel, si tant est qu’elle soit remise à sa juste place et correctement articulée à la notion fondamentale de complémentarité des sexes.
La complémentarité comme espace de liberté : individuelle, collective et nationale
Une dernière spécificité des civilisations européennes qu’il convient de souligner lorsqu’il s’agit de complémentarité, c’est la grande liberté qu’elles ont dès le départ accordé aux femmes. En témoigne les sanctions prévues par la loi salique en vigueur dans les sociétés franques des premiers siècles de l’Europe, pourtant pas la plus favorable du continent à l’égalité des sexes. La sanction prévue pour avoir touché le sein d’une femme est la même que celle prévue pour le meurtre d’un Gallo-romain. Celle prévue pour son enlèvement la même que celle prévue pour le meurtre d’un Franc. Le meurtre d’une femme enceinte est puni quatre fois plus sévèrement que le meurtre d’un homme, et appeler une femme qui ne l’est pas « prostituée » amène une amende quinze fois plus élevée qu’une injure adressée à un homme. Presque partout en Europe, la punition prévue pour le meurtre d’une femme est aussi élevée que celle prévue pour le meurtre d’un homme. Ces punitions aggravées en cas de vulnérabilité objective comme peut l’être la grossesse pour une femme sont une prémisse de cette notion d’égalité protectrice que nous détaillions plus tôt.
Le catholicisme vient parachever cette spécificité européenne en accordant aux femmes les moyens de leur propre salut. Le salut chrétien est un salut personnel, qui se cherche dans un face à face avec Dieu indépendant de toute caractéristique identitaire, qu’elle soit nécessaire ou accidentelle. Si l’Eglise et les droits nationaux n’ont pas accordé en tous temps et en tous lieux la même place et les mêmes droits aux femmes, cette question-là n’a jamais fait débat. Or c’est de celle-là que découle tout l’ordre social occidental des sociétés européennes après l’extension du catholicisme. C’est celle-là qui confirma et institua la dignité qu’accordaient les peuples païens européens aux femmes et qui donna à ces dernières une marge de liberté exceptionnelle dans l’histoire de l’humanité, quel que soit le jugement anachronique que certains portent désormais sur ces sociétés.
C’est justement de cette liberté dont nous voulons maintenant parler. C’est au nom de cette liberté si chère à notre civilisation occidentale que nous proposons de nous en tenir là quant à l’action positive que doit entreprendre le politique quant à la question de la complémentarité.
Il est évident que la question du masculin et du féminin et de leur dynamique complexe a vocation à être discutée à l’échelle de la société. Il est urgent de remettre la question de la complémentarité au centre des réflexions sur les relations hommes femmes. Mais cette discussion est de l’ordre du débat public et non de l’action politique elle-même. Du point de vue du politique, une fois que nous avons assuré la protection de la famille fondée sur le mariage d’un homme et d’une femme, garanti l’égalité de tous devant la loi et institué des inégalités protectrices visant à pallier les limites d’une telle conception juridique des rapports entre les sexes, nous ne pouvons guère aller plus loin.
Chaque nation, chaque territoire, unique par son climat, sa culture et ses mœurs, s’arrangera bien de cet héritage que nous avons détaillé pour en tirer autant de modèles d’une complémentarité vécue sereinement et librement. Le modèle politique occidental a en effet cela de particulier de s’être donné pour mission non plus seulement que chacun à sa place respecte les devoirs qui lui échoient, mais également de préserver les droits et les libertés publiques de chacun. Cette liberté ne peut toutefois se comprendre que si elle est pondérée par la réaffirmation des appartenances de chacun : nous sommes des êtres sexués, enracinés, et pris dans un réseau de relations humaines hors desquelles nous ne pouvons nous penser avec justesse.
Nous nous inscrivons tous par notre corps nécessairement dans cette logique naturelle de la complémentarité, qu’importe notre vécu individuel, positif ou négatif sur la question. Pour autant, nous devons maintenir la liberté de chacun d’organiser à son échelle librement le vécu de cette complémentarité : le politique n’a à s’immiscer dans l’organisation personnelle des familles et des couples, sous aucun prétexte. Aucune superstructure, quelle qu’elle soit, n’est en droit d’imposer aux pays d’Europe les principes et les moyens de la meilleure mise en œuvre de cette complémentarité. Les peuples européens sont et doivent rester les seuls maîtres de leurs destins respectifs, sur ce plan comme sur les autres.
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La complémentarité fait donc partie de ce qui est. Elle existe dans l’ordre du monde, auquel elle participe à titre de principe structurant et source de fécondité. Le politique, quant à lui, est un art né de la vie en société, qu’il organise. On ne peut organiser que ce l’on comprend. Il s’agit donc en premier lieu pour les nations européennes de revisiter et de se réapproprier cette notion si riche qu’est la complémentarité.
L’urgence politique de défendre le mariage homme-femme et la famille traditionnelle apparaîtra alors dans toute sa vérité : ils ne sont pas un destin mais une base non négociable de nos société, dont elles assurent la stabilité politique et l’avenir. Découlera également de ces premiers jalons communs et d’un retour éclairé sur l’histoire de l’Europe la créativité politique qui l’a toujours caractérisée. C’est la diversité et la liberté dans le vécu de la complémentarité qui a fait la richesse de la civilisation occidentale à travers les siècles : c’est sur elles qu’il nous faut baser son renouveau.
L’histoire de l’Europe occidentale nous offre une immense variété d’exemples de manières de vivre la complémentarité homme-femme avec des représentations symboliques et des législations parfois très différentes. Choisissons une fois pour toutes de nous replacer dans cette continuité, valorisons à tout prix cette richesse fondamentale qu’est la sexuation humaine, et la liberté avec laquelle la civilisation occidentale a réussi à l’exprimer à travers les siècles. Nos nations européennes ont toujours brillé par leur ingéniosité en matière organisationnelle, et par leur capacité d’adaptation à leurs peuples et leurs territoires.
Tout comme il existe mille manières de vivre la sexuation d’un point de vue individuel, il existe mille manières d’organiser le principe de complémentarité tout en se replaçant dans le cadre de cet héritage européen que nous venons d’évoquer et d’une nécessaire restauration des principes de souveraineté et de subsidiarité dans l’organisation politique des nations européennes.