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Une tribune d’Iseul Turan, porte-parole d’Antigones parue sur le site internet de Sursum Corda le 30 novembre 2020, à retrouver ici.
Le projet de loi présenté le 9 décembre de cette année propose l’interdiction de l’instruction en famille dit «IEF » ou école à la maison, réalité qui ne concerne que 0,5% des enfants Français. Il y a pourtant urgence à défendre cette liberté fondamentale qu’est le choix parental des modes d’instruction dans la mesure où il s’agit du dernier rempart contre la destruction totale du principe de la responsabilité parentale. Si cette loi passe, tous les parents en paieront le prix.
La possibilité de l’instruction en famille se fonde sur un couple responsabilité/liberté fondamentale pour notre société toute entière. Les parents ont en principe le devoir, la responsabilité, d’élever leurs enfants dans la sécurité et la salubrité, et de les instruire. Ils ont même à ce sujet une obligation de résultat. Pour ce faire, ils disposent normalement de toutes latitudes et toutes libertés – c’est la condition d’un juste exercice de leur autorité parentale que de les mettre dans la situation d’exercer des choix éclairés. Ce cadre d’exercice de la responsabilité parentale a un nom : il s’agit de la « liberté éducative ».
Cette « liberté éducative » s’exerce dans tous les actes parentaux du quotidien : des mathématiques à la politesse, de la spiritualité à la grammaire, en passant par l’apprentissage de la propreté à la lecture. C’est aux parents de choisir les moyens d’atteindre un résultat suffisant pour permettre à leurs enfants de vivre en société, dans le respect de leur sécurité et stabilité physique et psycho-affective.
C’est l’exercice de ce couple devoir / liberté qui permet un demain : l’éducation donnée aux enfants et plus globalement toutes les transmissions intergénérationnelles assurent la survie du corps social en tant que tout unifié et cohérent. Il est donc normal que ce devoir, ce droit et cette liberté reviennent entièrement aux citoyens.
L’école gratuite, nationale et républicaine, qui a pour objet la diffusion et le maintien des valeurs républicaines est devenue l’unique possibilité d’instruction des enfants pour beaucoup de parents. Le système de financement de ces seules écoles par l’impôt oblige les parents qui font le choix d’autres institutions à payer deux fois. Dans une société dont le modèle économique est le foyer à double salaire, cette contrainte s’avère dans les faits coercitive. De même la mobilité géographique qu’induisent nos modes de vie modernes réduit largement les relais qu’offraient naturellement la proximité familiale. Dans les faits, donc, le choix de l’instruction en famille s’avère pour la majorité totalement illusoire.
Il n’en n’est pas moins le témoin du rôle social symbolique de la famille, et de la place prépondérante des parents dans la cité dans l’ordre politique naturel d’une société, par la préparation de l’avenir qu’ils assurent. Pierre-Charles Chesnelong, lors des débats avec Jules Ferry ne disait pas autre chose lorsqu’il attaquait le principe de l’école républicaine : « Que faites-vous de la famille par vos lois d’enseignement ? […]Vous mutilez son droit et vous restreignez son devoir ; vous la diminuez deux fois. Le père n’est vraiment père que lorsqu’il peut remplir complètement tous les devoirs de la paternité et en exercer librement tous les droits (Très bien ! très bien ! scandait alors la droite de l’hémicycle). »
La liberté des parents de choisir le mode d’instruction de leurs enfants, jusqu’à prendre la décision de l’assurer eux-mêmes n’est pas une question pratique, c’est une question de principe. Aucun argument pratique et circonstanciel (radicalisation, violences) n’est supérieur à ce principe ; ces dérives sont prévues dans les lois qui punissent tout manquement à la responsabilité parentale, justement !
Le maintien de cette liberté est donc fondamental dans la mesure où elle est la marque de confiance d’un Etat dans la première cellule pré politique qu’est la famille, et en cela elle concerne toutes les familles.
La responsabilité parentale est déjà attaquée de toutes parts, avec par exemple la récente loi sur les modes d’exercice de l’autorité parentale (loi dite « sur la fessée ») ; toutes ces lois dépossèdent les parents de leur responsabilité au profit d’un contrôle croissant de l’Etat sur les choix des familles. Interdire l’école à la maison, c’est une nouvelle infantilisation des parents, qui répond à l’infantilisation généralisée de la société. Les libertés publiques sont la condition d’exercice de nos responsabilités en tant que citoyens. Sans ces libertés, nous ne sommes plus que d’éternels mineurs sous la coupe d’un Etat totalisant.
Se battre pour le maintien de la possibilité de l’instruction en famille est une urgence absolue. C’est se battre pour la reconnaissance de la responsabilité et des libertés parentales, c’est nous laisser rester maitres de notre destin,