L’article ci-dessous est la transcription de la chronique d’Anne Trewby et Iseul Turan de juillet 2019 que vous pouvez retrouver en version audio ici.
Ça y est, l’équipe de France féminine de football a fini son brillant parcours, avec une défaite en quart de finale. L’échec est relatif, tant pour les joueuses dont on peut saluer le beau parcours, que pour les idéologues qui ont profité de l’occasion pour nous vendre leur projet de société. Faudrait-il pour autant s’en réjouir ?
Cette coupe du monde a été l’occasion pour les bien-pensants d’éduquer les masses arriérées. Le sport a toujours été éminemment politique, un moyen autre que la guerre pour affirmer la supériorité d’une communauté sur une autre. La victoire de l’équipe masculine de football en 1998 avait été l’occasion de célébrer le modèle migratoire assimilationniste à grands coups de slogans « France Black, Blanc, Beur ». A l’heure du délitement de ce modèle, dans une société qui se fragmente et se communautarise, les caméras se braquent désormais sur les équipes féminines, faisant de l’évènement un emblème de la lutte féministe pour la stricte égalité des sexes, comprise comme un absolu indépassable et plus un simple principe juridique. La frontière que matérialise cette compétition, c’est celle de la différence homme – femme, dernier obstacle à abattre pour vivre enfin les lendemains qui chantent d’une société parfaitement fraternelle.
L’équipe féminine de football porte avec elle et malgré elle toute une idéologie ; le battage médiatique qui l’accompagne est celui de la provocation pour la promotion du « même ». Il y a bien d’autres sports dans lesquels les femmes françaises excellent : il fallait prendre celui-là, populaire s’il en est, emblème national pour beaucoup, et ainsi le plus à même de repousser les frontières idéologiques qui gênent encore les bien-pensants. Une victoire de la France en finale aurait été le symbole de la victoire du Camp du Bien contre le Camp du Mal, raciste, misogyne et excluant.
Ne nous réjouissons pas pour autant de la défaite des Bleues : malgré le projet idéologique qu’on a cherché à faire porter à l’équipe de France, nous n’avions pas appelé au boycott, souhaitant simplement la victoire des meilleurs, tant sur le terrain qu’en dehors. Loin de nous l’idée de céder à l’aigreur et de vouer aux gémonies une équipe, un sport ou encore un sexe tout entier sur les seules bases de l’instrumentalisation qu’en ont fait quelques-uns.
Sur ce sujet comme tant d’autres qui se rapportent aux femmes, on entend malheureusement plus d’un opposant politique crier au scandale dans des termes toujours plus caricaturaux : « la France va mal, qu’elle aille dans le mur », « franchement des filles qui font du foot, c’est dégueulasse, elles sont des gueules de camionneuses », « les Françaises, c’est toutes des putes, heureusement qu’il reste les filles de l’Est ». Outre le manque cruel de profondeur de propos aussi caricaturaux, ils ont surtout le défaut de témoigner d’un désespoir et d’une aigreur qui n’ont pas leur place en politique. C’est la résurgence d’une conscience mal ordonnée qui pressent la lourdeur d’enjeux anthropologiques qui la dépassent.
Si la violence de tels propos ne résout rien et ne porte qu’à la division entre opposants, elle nous pousse surtout dans des faux débats dont la logique Cathare ne cherche finalement qu’à faire le tri entre les purs et les impurs. Les images d’Epinal aussi irréalistes que sclérosantes qui peuplent l’imaginaire de ces Torquemada de salon ne pourront jamais tenir lieu d’objectifs politiques. Au contraire, sachons voir où est la lutte ; ne nous laissons pas enfermer dans la caricature que font de nous nos ennemis. Oui, nous sommes en guerre, et dans cette guerre nous défendons la différence fondamentale et structurante du féminin et du masculin. Ne nous trompons pas ni d’ennemi ni de combat.
Dans le cas qui nous occupe, sachons saluer le parcours des bleues pour ce qu’il est réellement : un beau parcours sportif. Quoi de plus Français que de lever son verre en l’honneur des femmes ? Plus largement, apprenons à dépasser l’émotion de la réaction à chaud pour adopter dans le débat politique les positionnements de bon sens que les Français ont besoin d’entendre.
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