La prostitution, violence symbolique et économique faite aux femmes

En 2016, pour la journée internationale contre les violences faites aux femmes, Les Antigones ont choisi de dénoncer les violences faites aux femmes dans leurs corps, avec notamment la question de la prostitutionle cyberharcèlement, et la notion fallacieuse de féminicide.

 

La prostitution est un sujet qui fâche, nous avions à cœur de le traiter en cette journée des violences faites aux femmes. Désignée sous l’euphémisme de « plus vieux métier du monde », la prostituée loue son corps pour satisfaire les besoins sexuels d’une ou plusieurs personnes. En ce sens, la prostitution est une violence éminemment symbolique faite aux femmes et aux hommes en général parce qu’elle fait du corps, en tant que tel, un objet de contrat et donc de commercialisation. La prostitution procède ainsi à une dissociation entre un corps aliéné et un esprit inaliénable, au mépris de l’unité de l’être.

Ces violences inhérentes à la prostitution, surtout en période de crise, sont d’une ampleur difficilement mesurable. Comme le rappelle un rapport de 2011 sur l’état de la prostitution en France, « la précarité et la vulnérabilité demeurent des facteurs d’entrée et de maintien dans la prostitution ». Ainsi au-delà de la violence symbolique déjà évoquée que la prostitution représente, elle est aussi une violence économique.

Dès lors que s’instaure une pression économique, la notion de choix et de consentement – argument souvent utilisé pour défendre la prostitution – devient viciée en ce qu’il n’est plus un choix libre, mais contraint par des éléments extérieurs. Une femme consent à se prostituer, et même choisit de manière délibérée de soumettre son corps au service d’un client ; mais ce choix doit être analysé à la lumière du contexte qui l’a amené. La prostitution est toujours motivée, de près ou de loin, par une situation familiale, sociale et économique instable ; par un cercle vicieux dont on devient incapable de sortir. Pour exemple, les étudiantes et les étrangères — à 90 % — représentent la quasi-totalité des prostituées en France, sans parler des réseaux de trafic de femmes, menés par des proxénètes de tous genres.

Si Rokhaya Diallo dit, « je me bats pour que les femmes puissent disposer de leur corps, c’est-à-dire se voiler ou se prostituer. Je me bats pour que des femmes puissent faire des choix qui ne sont pas les miens », nous préférerons dire que nous nous battons pour les libertés des femmes ! Pour que les femmes soient effectivement libres, leurs corps ne peuvent et ne doivent pas être l’objet de commerce, d’enjeux économiques. Nous nous battons pour que nous puissions, toutes, faire de véritable choix. Pour une femme qui se croit libre en choisissant la prostitution, combien cherchent à en sortir ?

La prostitution, par sa conception de la sexualité fondée sur la marchandisation du corps et des rapports humains et par les difficultés économiques qui en sont plus souvent l’origine qu’un véritable choix et consentement libre, est une violence ! Une violence, non seulement faites à celles qui exercent ce métier, mais plus encore à toutes les femmes, symboliquement impliquées et susceptibles ou non de l’être dans les faits. Par conséquent, on ne saurait penser une authentique émancipation féminine et un système socio-économique plus juste sans s’attaquer de manière frontale et cohérente à la prostitution, et plus diamétralement, à toutes les formes de chosification du corps, comme la GPA, où les femmes sont, encore une fois, en première ligne.

 

Sara, Antigone à Paris

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