Pourquoi la loi “sur l’école de la confiance” porte un projet totalitaire

Une tribune d’Anne Trewby et Iseul Turan parue sur le site de Valeurs Actuelles le 22 février 2019

L’obligation d’instruction à 3 ans et non 6 vient d’être votée dans l’indifférence générale. Pensez-vous, 98,9% des enfants de 3 à 5 ans seraient déjà scolarisés ! Jean-Michel Blanquer lui-même qui nous rappelle pourtant que la mesure n’est « pas qu’un symbole ». Elle est le dernier pas d’un profond changement de paradigme dans le rapport entre Etat et familles.

Parmi toutes les lois liberticides qui ont été votées dernièrement, celle-ci est d’autant plus dangereuse que la question de l’instruction touche directement le lien entre la famille et l’Etat : la famille comme donnée première et pré-politique, l’Etat comme représentant politique du Bien Commun.

La famille dispose de libertés qu’elle exerce à travers l’exercice de divers devoirs à l’égard de ses enfants: devoir de soins, d’instruction et de sécurité. L’exercice de ces responsabilités sont l’expression première de l’ensemble des libertés individuelles et collectives. L’Etat n’intervient que dans la mesure où les parents ne peuvent pas les assumer pour diverses raisons. Son intervention est bornée à une limite objective : lorsqu’il y a manquement des parents à leurs devoirs, entraînant une mise en danger objective de l’enfant sur le plan sanitaire physique, psychologique ou physiologique. Voilà le principe sur lequel nous ne transigerons pas !

Ce qui nous inquiète dans la loi dite « sur l’école de la confiance », c’est qu’elle réduit les prérogatives parentales à peau de chagrin. Nous vivons dans une société qui oblige dans les faits les parents à confier leurs enfants à des institutions dès leurs premiers mois de vie ; leur santé est contrôlée par l’Etat à travers les rendez-vous médicaux obligatoires, et la vaccination qui s’en suit. Exercer sa responsabilité de parent en dehors de ce cadre prédéfini par la pensée dominante est plus que jamais devenu suspect.

Au-delà des choix personnels de chacun, ce que nous déplorons, c’est que d’une part, le modèle économique et le cadre du travail contemporains amènent la plupart des parents à de tels choix par défaut, et que d’autre part l’Etat, au lieu de corriger cet état de fait par des lois protectrices de la cellule familiale, s’arroge au contraire un droit de regard de plus en plus contraignant sur les choix personnels de chaque famille. A ce titre, le lapsus entre « école obligatoire » et « instruction obligatoire » qu’ont repris quasiment tous les journalistes est révélateur. Il ne s’agit pas de rétablir une quelconque égalité face au savoir, mais bien d’imposer à tous l’école ; et pas n’importe quelle école mais bien l’école laïque et républicaine, dont l’absolu n’est pas le Bien Commun mais les Valeurs Républicaines, et l’axiome dominant l’Efficace et l’Utile.

Oui cette loi n’aura que peu d’impact sur le quotidien de la majorité des familles. Elle doit pourtant être dénoncée et combattue dans la mesure où elle porte un projet totalitaire : les rares possibilités qui restaient aux familles de faire échapper au formatage d’Etat leurs enfants devient suspect et objet de contrôle, dans les faits comme dans les consciences. La mère qui choisit l’école à la maison, celle qui voudrait accoucher chez elle ou encore celle qui se tourne vers des médecines alternatives est suspecte. S’interroger sur l’éducation qu’on souhaite donner à son enfant, assumer sa responsabilité de parent à travers des choix différents de la doxa, c’est aujourd’hui s’exposer à être considéré comme un « danger public » dans l’esprit du plus grand nombre. Réveillez-vous : la prochaine étape, c’est la criminalisation !

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