Covid-19, quelle société allons-nous transmettre à nos enfants ? – Anne Trewby

Pour soutenir notre travail abonnez-vous à notre page Facebook et notre chaîne YouTube, commentez et partagez notre émissions et nos articles, faites-nous connaître autour de vous, et pour ceux qui le peuvent, n’hésitez pas à nous faire un don.

Une tribune d’Anne Trewby, présidente d’Antigones, parue sur le site internet de Valeurs Actuelles le 18 décembre 2020.

 

A la faveur de Noël, le chantage du gouvernement reprend pourtant de plus belle : ce n’est plus pour nous mais pour nos proches âgés et vulnérables que nous devrions renoncer à nos libertés publiques et à toute initiative politique. Pour Anne Trewby, présidente du mouvement féministe Les Antigones, il est temps de mettre un terme à l’infantilisation permanente et de laisser chacun assumer ses responsabilités politiques, économiques et sociales tranquille.

Laissons les commerçants commercer – même les restaurateurs, les entrepreneurs entreprendre, les médecins prescrire librement, la sociabilité se réorganiser en fonction des contraintes du moment, et nos représentants naturels – nos élus locaux – donner un cadre adapté et réaliste à ces activités nécessaires à la vie de notre société. Nous l’avons déjà demandé avec Antigones et nous recommencerons encore et encore. Nous ne pouvons pas céder à ce chantage à la peur qui nous fait oublier tous nos droits et devoirs politiques.

Les mesures de lutte contre la pandémie n’offrent aucune garantie de sauver les plus fragiles et menacent de mort le corps social

L’obéissance massive et passive à des mesures pourtant pour beaucoup discutables est motivée par un argumentaire purement compassionnel : nos enfants peuvent bien porter un masque quelques mois, et nous nous asseoir sur nos libertés pour sauver les plus fragiles – des plus âgés aux cancéreux en passant par les malades qui ignorent leur propres comorbidités. Pouvons-nous réellement culpabiliser du moindre contact avec nos aînés, surveiller la température de nos enfants et les masquer chaque matin et renoncer à nos libertés politiques les plus élémentaires, et à toute initiative politique pour protéger quelques-uns? Et bien non. Disons-le haut et fort au risque d’en fâcher certains.

Entendons-nous bien, toutes les vies méritent évidemment d’être sauvées : il n’y a pas de hiérarchie dans les vivants. Une société se doit de protéger les plus faibles : les trisomiques ne méritent pas d’être avortés, les personnes en fin de vie euthanasiées ou les personnes âgées atteintes du Covid privées de lit en réanimation. Pour autant, la survie du corps social est une nécessité en vue du Bien Commun. Or les mesures de lutte contre la pandémie n’offrent non seulement aucune garantie de sauver les plus fragiles, mais ont surtout pour conséquence la mort du corps social, et donc de ce même Bien Commun.

Les mesures censées protéger les aînés sont en train de les tuer encore plus sûrement que le Covid

Notons au passage que ces mesures censées protéger ces aînés et ces personnes vulnérables sont en réalité en train de les tuer plus sûrement encore que le Covid : retards de soin et de diagnostics de patients atteints de maladies graves, solitude de nos aînés livrés à eux-mêmes dans leurs EPHAD… Alors oui, nous portons la responsabilité collective de protéger les plus vulnérables, et notamment nos aînés – les plus âgés comme ceux, plus jeunes, qui ne seraient pas prioritaires pour les quelques lits disponibles en réanimation mais aimeraient légitimement pouvoir jouir tranquilles des années de vie qu’il leur reste. C’est d’ailleurs en ce temps le Noël le choix d’une majorité de Français âgés : ces fêtes de famille se feront en famille, un point c’est tout.

En ces temps de fête, n’oublions pas que nous avons également d’autres responsabilités et d’autres personnes à protéger en vue du Bien Commun. Ces mêmes mesures soi-disant protectrices des plus vulnérables sont en train de tuer à petit feu les forces vives du pays : nos enfants subissent l’angoisse croissante des adultes masqués qui les entourent, nos adolescents privés de perspectives d’avenir sont isolés à un âge où la sociabilité est primordiale. L’inquiétude croit dans les familles dont les objectifs d’avenir sont compromis et qui se demandent si elles auront de quoi élever leurs enfants dignement demain. Le nombre des adultes isolés socialement et précaires économiquement grossit à mesure que le chômage et les faillites augmentent.

Nous sommes tous capables de prendre nos responsabilités pour nous protéger et protéger les autres

Nous devons sortir de cette peur paralysante, pour nous-mêmes ou pour nos proches et assumer notre devoir politique de préparer l’avenir pour les générations qui viennent. Nos aînés doivent être protégés, certes, mais ils doivent aussi assumer le rôle qui leur incombe de transmettre une société vivante et juste aux générations qui les suivent. Or ce dont nous héritons aujourd’hui, c’est d’une société malade de peur, dans laquelle nos libertés sont confisquées et toute initiative politique est devenue illégale. Il y a un problème.

Nous sommes tout à fait capables, chacun à notre place, de prendre nos responsabilités pour nous protéger et protéger les autres. Nous devons redevenir d’urgence maîtres de nos destins personnels et collectifs. Mais pour ce faire, il faut se battre. Qui sera la première ligne ? Des jeunes désespérés, des pères et des mères de famille acculés, des patrons et des entrepreneurs au pied du mur, des personnes âgées fatiguées d’être séparées de leurs familles ? Nous avons chacun un rôle à jouer là où nous sommes : les professionnels avec leurs pairs, les familles en défendant leurs prérogatives naturelles, les élus locaux en exigeant l’autonomie décisionnelle qui leur est due, et nos aînés en rappelant haut et fort que la vie vaut plus que la simple survie, que l’avenir de nos enfants ne peut être hypothéqué pour quelques mois ou années de sursit purement théoriques. Espérons que ce temps de Noël rappellera à chacun que nous sommes plus qu’une somme d’individus isolés. Nous sommes unis par un destin commun : la survie hypothétique de quelques-uns ne peut se faire en sacrifiant la vie et les libertés publiques des autres.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.