Public, privé, hors-contrat, petite cartographie éducative

Le sujet de l’école revient sur le devant de la scène avec le projet de loi de Françoise Gatel qui vient d’être adopté au Sénat et qui prévoit de durcir les conditions d’ouverture des écoles hors contrat. Faisons le point sur les possibilités qui s’offrent aux parents.

Rentree scolaire a l’ecole Jules Ferry. Aytre, le 04 09 2017. PHOTO XAVIER LEOTY XL

L’école publique, c’est l’héritage de la Révolution française : une école gratuite, laïque, et accessible à tous géographiquement – théoriquement du moins puisque les zones rurales par exemple sont aujourd’hui moins bien pourvues en écoles qu’hier. L’Education Nationale fixe pour chaque classe d’âge les connaissances à acquérir, et promeut à travers la formation des professeurs les méthodes pédagogiques qu’elle juge les plus à même de former les futurs citoyens français. Dans ce cadre, il est évident que le programme fixé sera le reflet d’une certaine doxa officielle. Une autre critique fréquente faite aux écoles publiques est une tendance au « nivellement par le bas », avec des exigences en baisse et des méthodes peu efficaces dont les premiers à pâtir sont les élèves. La question de la carte scolaire est par ailleurs un non-dit qui détermine pourtant le choix de bien des parents effrayés à l’idée de scolariser leurs enfants dans une école « guetto ».

Un autre format très répandu en France, ce sont les écoles privées sous contrat. Libres du choix de leur professeurs tant qu’ils sont accrédités par l’Education Nationale, et de leurs méthodes éducatives, elles s’engagent néanmoins au respect des programmes officiels. Elles peuvent faire plus, mais pas moins. Ces écoles sont souvent payantes et peuvent être confessionnelles, proposer des pédagogies alternatives, ou encore un accompagnement spécialisé pour certains profils d’élèves. Si certaines de ces écoles brillent par leurs résultats, d’autres se donnent par exemple pour mission d’accompagner des élèves en difficulté. La critique souvent émise à l’égard de ce type d’écoles est leur élitisme : pour les classes moyennes et aisées, elles représenteraient une échappatoire à l’école publique, avec un enseignement jugé plus sérieux. Elles représentent par ailleurs un coût pour les parents, même si ce coût peut s’avérer très variable selon l’établissement.

Si elles font beaucoup parler d’elles, les écoles hors contrat – troisième possibilité – restent en France très marginales avec moins de 1% du total des enfants scolarisés en 2016. N’ayant pas signé d’accord avec l’Etat et ne recevant donc aucune subvention de sa part, elles sont libres du choix des programmes, des méthodes comme des enseignants. Les élèves doivent toutefois au sortir de chaque classe d’âge avoir acquis le socle de connaissances de bases fixé par l’Education Nationale. La principale critique faite à ces écoles est le manque d’encadrement et de contrôle des contenus enseignés. Leur succès est pourtant croissant et les résultats globalement au rendez-vous. Ce format d’école est fréquemment visé par des lois visant à restreindre les possibilités d’ouverture – comme dans le projet venant d’être adopté, ou à augmenter les contrôles et les possibilités de fermeture. La croyance veut que ces écoles soient chères car non-subventionnées ; les prix en sont en réalité très variables. Mieux vaut appeler directement l’établissement visé et exposer sa situation familiale avant de se faire des idées.

Reste une dernière possibilité, peu connue et très peu répandue en France : l’IEF ou Instruction en Famille. Le mythe en France veut que l’école soit « gratuite,  laïque et obligatoire » alors qu’en réalité, d’après les textes de loi, l’obligation de l’Etat est de veiller à l’instruction des enfants, et non à leur scolarisation. Il est donc possible pour les parents qui le peuvent et le souhaitent de faire « l’école à la maison ». Ils peuvent opter pour des méthodes classiques, en choisissant les manuels qui leurs plaisent, ou en s’aidant de cours par correspondance. Ils peuvent aussi décider de s’éloigner du modèle de l’école en faveur de modèles d’apprentissage différents, sans cours ni manuels dédiés. Si cette possibilité est elle aussi régulièrement remise en cause par les gouvernements successifs, la seule obligation des parents est encore, comme pour le hors contrat, que les enfants ainsi instruits aient acquis le socle de connaissances fixé par l’Education Nationale pour chaque tranche d’âge. Maintenant, à vous de choisir !

Isabelle

 

Pour en savoir plus :

Sur les écoles hors contrat :
http://www.fondationpourlecole.org/

Sur l’instruction en famille :
http://leportaildelief.com/

 

Les publications des Antigones sur le sujet :

https://lesantigones.fr/enfance-sous-controle/

https://lesantigones.fr/la-liberte-dantigone-vaut-aussi-pour-lecole/

https://lesantigones.fr/valeurs-republicaines-a-l-ecole/

https://lesantigones.fr/lutte-contre-la-radicalisation-a-lecole-un-ecran-de-fumee/

https://lesantigones.fr/education-petits-pas/

https://lesantigones.fr/chronologie-des-restrictions-a-la-liberte-educative/

https://lesantigones.fr/tribune-loi-ciotti-liberte-educative/

https://lesantigones.fr/choisir-une-ecole/

ttp://lesantigones.fr/instruction-en-famille/

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