Le Comité Consultatif National d’Ethique vient d’émettre un avis favorable à la légalisation de la procréation médicalement assistée (PMA) pour toutes. Jusque là réservé aux couples hétérosexuels stériles, le recours à cette pratique pourrait prochainement être étendu aux couples de lesbiennes et aux femmes seules.
Notre mouvement ne pouvait rester silencieux sur le sujet tant il est lourd de conséquences, à la fois d’un point de vue anthropologique, philosophique et sociologique sur les femmes, que sur la société dans son ensemble. Comportant de forts accents transhumanistes et préparant l’avènement de la GPA, la légalisation de la PMA pour toutes apparaît comme une nouvelle étape dans la fuite en avant libérale-libertaire.
Au nom de la sacro-sainte et ambigüe « égalité » — comprise comme la mêmeté et le nivellement, toutes les incohérences sont permises. Car c’est encore une fois au nom de ce principe dont nous avions déjà dénoncé le flou et la relativité que cette loi est défendue : il ne serait pas juste que les femmes lesbiennes et célibataires soient traitées différemment que celles qui vivent en couple avec un homme. La PMA pour toutes revient donc à mettre sur le même plan la stérilité accidentelle de certains couples hétérosexuels et la stérilité structurelle des couples lesbiens et des femmes seules.
De ce fait, l’extension du recours à la PMA changerait la nature de celle-ci, puisqu’elle ne serait plus un outil pour pallier la stérilité d’un couple hétérosexuel, mais une technique permettant à toutes les femmes, quels que soient leur situation, leur sexualité ou leur âge, de procréer. C’est en réalité l’affirmation du « droit à l’enfant » qui est entériné, avec toutes les conséquences que cette reconnaissance implique. Réduit au statut d’objet de revendication, et non plus fruit d’un acte d’amour naturel et gratuit, l’enfant est réifié, sujet à contractualisation et à monétisation.
Avec une pareille loi, l’enfant deviendrait, aux côtés de la contraception, de l’ouverture d’un compte bancaire sans l’autorisation du mari et de l’IVG, un droit de la femme comme un autre. Et pas de n’importe quelle femme : celui d’une sur-femme, d’une femme augmentée. La fibre transhumaniste de cette revendication saute aux yeux. Légaliser la PMA pour des lesbiennes et pour des célibataires rend inutile, si ce n’est même dépassé, le rôle de l’homme dans la procréation et la filiation.
Plus inquiétant encore, une telle loi sur la PMA serait un pas de plus vers la légalisation de la GPA. En effet, au nom de quoi les couples d’hommes n’auraient-ils pas le droit d’avoir un enfant issu de leurs gamètes si les couples de femmes le peuvent ? Pour quelles raisons devraient-ils ne passer que par l’adoption ? Pourquoi les homosexuels français seraient-ils contraints de se rendre aux États-Unis ou en Inde pour se payer les services d’une mère porteuse ? La légalisation de la GPA, et notamment aux couples homosexuels n’est que l’aboutissement inéluctable de la logique égalitariste postmoderne.
Notre combat pour la justice et le bien commun nous invite à rejeter de façon catégorique cet avis du comité consultatif national d’éthique. Prononcé au nom d’une égalité qui justifie la marchandisation du corps et la réification de l’enfant, il procède d’une vision transhumaniste de l’être humain que nous refusons. L’égalité n’est pas la justice ; ce projet de légalisation de la PMA pour toutes en est la preuve.
Paraphrasant la révolutionnaire girondine Manon Roland, nous pouvons, devant l’incroyable hypocrisie de notre époque, oser crier : « Égalité, que d’injustices commet-on en ton nom ! ».
Sara, Antigone à Paris