Plan vélo 2018 : les parents grands perdants

Article publié sur le site de Valeurs Actuelles le 15 octobre 2018

Vous avez certainement entendu parler du « plan vélo », ces 25 mesures annoncées par le gouvernement pour tripler la part du vélo dans les déplacements des français d’ici 2024. Antigones s’inquiète de la manière dont l’Etat en profite pour s’accaparer un nouveau pan de l’éducation de nos enfants.

Le plan du gouvernement prévoit entre autres mesures l’apprentissage du vélo à l’école. Il semblerait en effet que la situation soit grave : le vélo ne représente encore que 4% des déplacements des Français, et 6% ne savent même pas en faire. On rirait des mines sérieuses de nos gouvernants à l’annonce de chiffres aussi effrayants si le sujet ne cachait pas une tendance plus profonde et autrement plus inquiétante : la dépossession croissante des parents de l’éducation de leurs enfants en faveur de l’Etat. Voyons en quoi le plan vélo 2018 participe de cette logique.

La mesure témoigne de la profonde rupture de transmission que connaissent les sociétés occidentales modernes. La société sans repère, ni géographique, ni historique, ni théologique, dans laquelle nous évoluons désormais ne permet plus de transmission, ni horizontale – entre pairs, ni verticale – d’une génération à une autre. Des lois sur l’héritage au refus permanent du sacré, la chaîne de la transmission est rompue de ses dimensions les plus matérielles aux plus spirituelles. Le plan vélo participe de cette rupture dans la mesure où c’est une nouvelle compétence, un nouveau champ de la transmission auparavant réservé à la famille qu’il remet entre les mains de l’école.

Parents, grands-parents… qu’importe qui prenait la responsabilité de cet apprentissage, il s’agissait auparavant d’une affaire de famille. Plus encore, c’était des moments de complicité, et la compréhension pour les enfants que nous étions que nos parents étaient bien ceux qui devaient nous guider dans le monde, nous apprendre ses lois, ses codes et ses dangers. C’était aussi des câlins après une mauvaise chute, des mots d’encouragement, la fierté d’un parent. Désormais, l’apprentissage du vélo ne sera qu’un cours parmi d’autres. De nouvelles règles de sécurité, un nouveau code à apprendre, une nouvelle occasion de compétition entre pairs sous le regard fatigué d’un enseignant qui se demande comment son CAPES d’histoire l’a conduit à devenir animateur de colonie de vacances.

Le plan vélo, c’est une nouvelle fois une transmission familiale accaparée par l’Etat ; une nouvelle prérogative arrachée sans un cri à des parents relégués au rang de géniteurs irresponsables ; un nouvel apprentissage sous contrôle étatique. C’est surtout une logique qui n’a aucune limite. Avec les récentes déclarations du président Macron vantant les mérites de l’école à 3 ans, ce à quoi on est en droit de s’attendre, c’est au contraire que l’Etat aille chercher nos enfants jusqu’au berceau pour pouvoir en contrôler l’éducation jusque dans les moindres détails. Laissons aux enseignants leur prérogative d’instruction des fondamentaux de la langue et du calcul qu’ils ont déjà du mal à faire intégrer à leur élèves avant de leur rajouter une discipline absurde ! L’éducation, elle, est la prérogative des parents.

 

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