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Il y a un scandale dans la gestion du Covid-19 dont on parle peu, c’est celui du désordre organisé. A force de vouloir préserver notre vie biologique à tout prix, nous laissons l’Etat organiser le chaos économique et social et accélérer la désagrégation du corps social amorcée depuis déjà bien longtemps par nos choix de société délétères.
Une analyse d’Iseul Turan pour Les Chroniques des Antigones
Aujourd’hui, nous allons parler régime politique, de légalité, et de légitimité, d’ordre social et de désordre mortifère.
Je comptais au départ analyser pour vous les circonstances juridiques actuelles. C’était une chronique toute trouvée dans ce contexte inédit qui se moque autant des lois que de nos libertés fondamentales.
J’allais partir des principes fondamentaux de notre droit pour démontrer l’illégalité du régime d’exception sanitaire : On aurait commencé en 1918 avec l’histoire de la notion de « circonstances exceptionnelles ». On aurait compris bien vite que notre d’état d’urgence n’y est absolument pas conforme. Et puis on aurait conclu sur la lente dérive juridique du système vers un état de totale illégalité…
Mais au moment de rédiger ma chronique, toutes ces explications m’ont soudain parues vaines. Cela fait des années que notre système part en dérive totalitaire. Celà fait des décennies que nous violons sans cesse libertés publique. Celà prendrait finalement des heures pour expliquer comment on est arrivés là… par la politique des petits pas….
Alors plutôt que d’aborder l’illégalité progressive de ce régime je préfère vous parler aujourd’hui de légitimité. Le régime sous lequel nous vivons est surtout profondément illégitime. Il est illégitime dans la mesure où au lieu de préserver l’ordre social, il organise délibérément le chaos sous le prétexte fallacieux de nous protéger de la maladie, c’est-à-dire de la vie elle-même.
Mais voyons, me direz-vous, c’est justement pour préserver nos vies que toutes les mesures actuelles ont été prises. C’est pour nous protéger d’une maladie terrible, mortelle même !
Balayons rapidement cet argument inopérant. Les maladies sont, certaines sont mêmes mortelles. Ça ne date pas d’hier. Aucun Etat ne peut arrêter une maladie, la faire cesser d’exister. L’Etat n’est pas dieu, l’Etat n’est pas médecin, l’Etat n’est pas le garant de notre santé, ni individuelle, ni collective. Le rôle de l’Etat c’est de garantir l’ordre de manière à permettre à la société d’exister et de se perpétuer. Face à la maladie, son rôle est donc de gérer l’afflux des malades, les conséquences sociales de la maladie et de veiller à ce que la maladie n’entrave pas le fonctionnement, l’ordre de la société, ni ne mette en danger la cohésion du corps social.
Et bien de ce point de vue, c’est tout l’inverse que fait à l’heure actuelle l’Etat français – et bien d’autres d’ailleurs. Vous me direz que le confinement a été décidé justement pour des motifs logistiques : pour limiter l’afflux des malades dans des hôpitaux qui subissent depuis 50 ans les coupes sèches des mêmes dirigeants qui continuent pourtant de gérer le pays.
Des beaux sentiments, de belles intentions, mais vides de sens et d’efficacité politique puisque non assortis des dotations matérielles et financières qui auraient justement permis aux hôpitaux de prendre le relai de la gestion de crise comme c’est leur rôle. L’Etat n’a pas rempli son rôle, il n’a pas assuré que les malades puissent être pris en charge de manière adéquate par les acteurs dont c’est la mission sociale. Il n’a pas pris de mesures concrètes pour protéger nos frontières par des contrôles et des quarantaines imposées aux personnes extérieures au corps social.
Par contre, il se répand en mesures liberticides et mortifères imposées à sa propre population ; il travaille à dissoudre le corps social qu’il est censé protéger et dont il est le garant de la cohésion. Liberticides dans la mesure où nous sommes désormais privés de toutes nos libertés publiques : liberté de circulation, liberté de jouir de nos propriétés privées en y invitant famille et amis, liberté de réunion et donc d’association, liberté d’exercice public du culte, et pour certains liberté de travailler. Mortifères dans la mesure où ces mesures contredisent les lois naturelles que l’Etat est pourtant censé préserver.
Ces lois sont celles qui ordonnent le monde, qui lui permettent de tourner, de se perpétuer, d’exister tout simplement. Les lois naturelles régissent les sociétés humaines dans la mesure où l’homme est un animal social et politique. Accessibles par le bons sens, elles se dévoilent à celui qui sait regarder. Citons d’abord celle qu’illustre Sophocle dans son Antigone : le respect des morts quels qu’ils soient, et de leur sépulture. Il s’agit aussi de toutes les libertés publiques que nous venons de citer, et évidemment de tous les liens humains, qu’ils soient de l’ordre de l’amitié ou de l’échange, et qui sont nécessaires à la cohésion, et donc la survie du corps social. Ces lois de la nature ne peuvent souffrir aucune exception, sans quoi il n’y a plus de société humaine.
C’est là le nœud du scandale, c’est là l’extrême danger de la situation actuelle. A force de vouloir préserver notre vie biologique à tout prix, nous acceptons de nous laisser priver de cela même qui fait notre humanité. Nous laissons l’Etat organiser le chaos économique et social et accélérer la désagrégation du corps social amorcée depuis déjà bien longtemps par nos choix de société délétères. En somme, au lieu de garantir l’ordre nécessaire au bon fonctionnement de la société et la cohésion sociale nécessaire à son maintien et sa perpétuation, l’Etat organise ni plus ni moins que le désordre social et la dissolution de tous liens humains hors de la cellule familiale réduite à sa plus petite expression.
Le désordre social que provoquent déjà les choix de gestion de crise de l’Etat s’accompagne d’un désordre psychologique. Sous couvert des évolutions du virus – qui étaient prévisibles en soi dans la mesure où un virus est un organisme vivant – l’Etat organise une forme nouvelle d’insécurité sanitaire et politique. Un coup nous pouvons nous voir entre amis et en famille ; quinze jours plus tard nous ne pouvons même plus enterrer nos morts dignement. Un coup nous pouvons aller au travail ; quinze jours plus tard nous devons fermer boutique ou nous contenter d’internet pour ceux qui le peuvent. Un coup les masques sont inutiles ; quinze jours plus tard il faudrait les porter dès 6 ans. Un coup nous pouvons sortir librement, quinze jours plus tard il nous faut une attestation, dont le contenu change d’ailleurs lui-même tous les quinze jours. Un coup nous avons le droit à la messe, quinze jours plus tard seulement aux sacrements dans des limites très précises, puis plus rien.
Matraqués de mesures aléatoires et mouvantes et d’informations contradictoires, nous nageons en plein chaos sans voir et surtout sans pouvoir prévenir la lente agonie de notre corps social, dont la mort organisée nous prive même de toute perspective d’avenir.
Comme l’Antigone antique, soyons créateur d’ordre face au chaos. Enterrons nos morts, marions nos amis, baptisons nos enfants, prenons soin de nos anciens et de nos fragiles en leur tendant la main, marquons les signes traditionnels de salutation, travaillons selon nos vocations, commerçons justement, élevons nos enfants, et surtout …. respirons librement. Pour sortir de l’impasse il faut se battre. Nous sommes légitimes à le faire, et ainsi nous devrons user de tous moyens, même légaux.