Commentaire du programme de Benoît Hamon pour les élections présidentielles 2017
A l’occasion des présidentielles 2017, nous vous proposons une lecture croisée des programmes des cinq candidats les plus plébiscités dans les média – Marine Le Pen, François Fillon, Emmanuel Macron, Benoit Hamon et Jean-Luc Mélenchon – comportant notamment une analyse de leurs positionnements sur les questions féminines.
Nous vous proposons également un résumé de ce travail, et surtout, nos propres propositions aux candidats pour apporter des solutions concrètes aux problématiques des Françaises.
Benoît Hamon est l’un des principaux candidats de Nuit Debout : quand ils ne sont pas mélenchonistes, ces jeunes sont ses électeurs. Il prend donc très à cœur les revendications de la manifestation, comme le 49-3 citoyen. Son programme, très léger en termes de contenu, oscille entre déclarations de principe et mesurettes techniques.
Comme Emmanuel Macron ou François Fillon, Benoît Hamon prépare la fin du salariat et des protections comme nous les connaissons aujourd’hui, avec une fibre plus socialiste que les deux autres sensible dans des mesures comme le revenu universel. Notons d’emblée que beaucoup de ses propositions sont parfaitement contraires au droit européen, et donc vouées à l’échec.
La mort du salariat et l’avènement du robot
Comme dans les programmes des autres candidats, il est question de la politique à mener devant la disparition du salariat protecteur tel que nous le connaissons. Emmanuel Macron se félicitait de cette dynamique d’avenir, facteur pour lui d’émancipation alors qu’elle projettera une frange de la population dans la précarité. François Fillon l’organisait en douceur, en détruisant les protections des fonctionnaires et en valorisant les systèmes robotiques comme la e-santé et le numérique.
Benoît Hamon essaie quant à lui de camoufler le problème par l’avènement du revenu universel. Ce revenu de base ne sera finalement qu’une augmentation des inégalités et un droit au silence de tous les citoyens. « Vous n’avez pas d’emploi ? Vous avez un revenu alors de quoi vous plaignez-vous ? ». Ce revenu de base est en réalité la mise en place de la précarisation d’une frange de population qui n’aura rien à gagner de plus que cette base. Les salaires seront immédiatement tirés vers le bas, chacun ayant déjà de quoi « vivre ».
Enfin, le candidat n’échappe pas à la technophilie ambiante, avec sa « confiance dans le numérique » et sa « contribution sociale sur les robots ». La robotisation en marche va changer noter économie et notre organisation sociale ; le revenu universel est censé compenser les nouveaux problèmes posés par la technique.
Saluons au passage quelques belles initiatives du Parti Socialiste, qui malheureusement ne pourrons pas voir le jour du fait des restrictions européennes, comme la protection des agriculteurs français, la priorité au « made in France », ou encore le 50% de nourriture local ou bio pour les restaurations collectives.
Droit des femmes : où sont-ils ?
Dans le chapitre dédié aux droits des femmes, nous trouvons des déclarations de principe sans conséquence réelle sur la vie des femmes, comme par exemple les campagnes de sensibilisation contre le sexisme.
Concernant l’IVG, la position de Benoît Hamon est claire : il veut voir le territoire français tapissé de plannings familiaux. Rappelons ici que le Parti Socialiste refuse de considérer que l’IVG puisse être source de violences pour les femmes. Nous vous invitons à ce sujet à lire nos écrits concernant l’avortement. Lorsqu’une femme a recours à l’IVG, c’est déjà trop tard, la question est de savoir comment éviter d’être mis dans une telle situation. C’est notamment cette non-reconnaissance de la violence de de la détresse qui accompagnent un tel acte qui mène à penser l’avortement comme « un droit », alors qu’il n’est que le révélateur d’une situation d’échec reposant entièrement sur les femmes.
Pour ce qui est des écarts de salaires entre les hommes et les femmes, imputable notamment aux interruptions de carrière des mères, Benoît Hamon prévoit un durcissement des peines pour les entreprises qui ne respectent pas les égalités de salaire. Cette solution prônée par tous les mouvements politiques n’en est pas une : elle ne règlera en rien ni question de la discrimination à l’embauche, due au coût des congés maternité, ni la question des interruptions de carrière des femmes, qu’un féminisme conventionnel voudrait voir disparaître. Garantir la possibilité pour les femmes d’arrêter de travailler pour passer du temps avec leurs enfants est une priorité perdue de vue par des politiciens idéologues. C’est une condition pour une véritable justice salariale.
La question de la parité en politique – évidement présente dans le programme du Parti Socialiste – est réglée par le système des quotas. De fait, un tel système permet de rendre les femmes visibles en politique et de façonner les mentalités par l’image. Mais elle est aussi source de misogynie ordinaire : les femmes étant présentes sur les listes uniquement pour ne pas payer d’amende, elles sont réduites au rôle de prête-nom, et leurs compétences réelles passent au second plan. Un gouvernement paritaire n’améliorera pas réellement les conditions d’accès des femmes au monde politique.
Enfin nous trouverons deux propositions que nous saluons, à commencer par l’augmentation du congé paternité de 11 jours à six semaines. Réunir la famille à l’arrivée d’un enfant est une bonne idée, favorable aux familles de salariés. Même si évidement une telle disposition devrait être étendue aux travailleurs indépendants et des mesures proposées pour compenser son coût pour les entreprises.
La seconde disposition est celle qui permet de donner des trimestres « retraite » à son conjoint. Les interruptions de carrière des femmes leur sont préjudiciables de ce point de vue également. Donner aux conjoints la possibilité de se transmettre des trimestres de retraite permet d’alléger ce soucis pour quelques familles, bien qu’elle ne soit pas suffisante pour celles qui choisissent de rester mère au foyer au-delà de la durée légale du congé parental.
Enfin, Hamon traite indirectement des femmes dans un chapitre intitulé les « nouveaux droits ». Parmi ceux-ci figure la PMA, épineuse question éludée par les autres candidats. La PMA n’est aujourd’hui ouverte qu’aux couples mixtes (« hétérosexuels ») ayant des difficulté à concevoir un enfant. Le recours à cette pratique est en pleine expansion pour diverses raisons, au nombre desquelles l’augmentation de la stérilité féminine et masculine qui grimpe tous les ans (merci aux perturbateurs endocriniens), mais aussi le choix que font les couples d’avoir des enfants tardivement, pour des raisons notamment économiques. L’« enfant-projet », tant attendu par un couple enfin prêt économiquement à l’accueillir, est aujourd’hui conçu comme un droit des mères. Droit qui s’exerce via l’IVG et la PMA, deux réalités étroitement corrélées. Sur le plan individuel, la PMA semble se justifier comme une solution technique proposée aux couples pour résoudre un accident de santé. Mais sur le plan philosophique, la PMA, en particulier lorsqu’elle est proposée aux couples de même sexe et aux femmes célibataires, pose des problèmes d’une portée tout autre. Avec cette proposition, nous considérerons encore une fois l’enfant comme un droit de la femme, alors même que la génération n’est ni la propriété de l’Etat, ni la propriété des parents. Mais, plus grave encore, nous entrons par cette disposition dans le transhumanisme : cet homme – femme en l’occurrence – augmenté qui peut enfanter seul, affranchi des limites de la nature humaine. Ce n’est plus un accident auquel la technique vient remédier, mais une augmentation artificielle de nos possibilités biologiques, pour faire de L’enfant un droit de LA femme. Cette disposition est donc lourde de conséquences anthropologiques. Elle est en outre une porte ouverte à la GPA.
Sur ce sujet, Benoît Hamon se positionne implicitement lorsqu’il affirme vouloir élargir les règles de reconnaissance d’un enfant, ce qui équivaut à une reconnaissance implicite de la GPA.
Quant aux autres « nouveaux droits » évoqués par Hamon – droit de mourir dans la dignité, le droit de vote des étrangers, simplification des procédures de changement de sexe, elles se passent de commentaires…
Sécurité : le renseignement encore et toujours
Sur les questions de sécurité, rien de nouveau sous le soleil : nous retrouvons le renseignement comme solution contre le terrorisme, sous la direction du premier ministre. Benoiî Hamon propose aussi la mise en place d’une police de proximité en uniforme – ce qui n’est pas un point de détail quand on connaît les dérives policières dans le domaine du renseignement.
L’école contre les familles
Benoît Hamon envisage l’école comme un outil de formatage idéologique. Dans ce sens, il propose de rendre l’instruction obligatoire dès 3 ans. Cette mesure concrétise l’idée, courante chez les Socialistes, selon laquelle les idées, valeurs religieuses, savoirs…. transmis dans les familles sont une source d’inégalité qu’il convient au système républicain de rectifier. L’école obligatoire traduit ainsi, et nous insistons sur ce point, une absence totale de confiance vis-à-vis des familles. Nous ne pouvons considérer l’école comme une source d’émancipation des élèves lorsque celle-ci les prend au berceau pour les soustraire à leur culture familiale, dans un contexte où l’enseignement des « Valeurs Républicaines » est considéré comme supérieur à la transmission du savoir. Nier les réalités familiales, la nécessaire transmission au sein des familles, c’est piétiner le rôle des parents et en particulier celui des femmes, des mères de famille.
Nous renvoyons sur ce sujet aux analyses publiées sur notre site sur la question de la liberté éducative.