Premier terrain de lutte choisi par les Antigones à l’occasion de la petite marche contre les violences faites aux femmes en novembre 2013
La chosification du corps, fondement de l’esclavage, constitue peut-être la violence la plus fondamentale à l’égard de la femme – réduite au corps dont on dispose, la femme est niée dans son existence personnelle. Deux thèmes fondamentaux dans la société actuelle sont liés à cette problématique : la banalisation du droit à l’IVG, et la légalisation possible de la GPA.
La GPA (Gestation Pour Autrui) ou le nouvel esclavage
Les débats autour de la GPA en sont l’exemple-type : réduite à sa fonction de procréation, le corps de la femme est soumis aux lois du marché. La philosophe Sylviane Agacinski1,, intervenue sur le sujet dans une émission de France Info, y souligne à quel point la banalisation de cette pratique est une violence faite aux femmes. La GPA se pratique au détriment des plus pauvres, et revient à « considérer les femmes comme des moyens de production ». La location d’utérus représente une servitude nouvelle, dissimulée sous une rhétorique du progrès qui refuse toute interrogation morale.
La GPA constitue l’une des formes modernes de l’esclavage, où la personne humaine est niée dans son intégrité. Généralisée à l’échelle sociale, elle serait l’expression la plus aboutie de la violence à l’égard de la femme.
Incitation à l’avortement : une violence dont on ne parle pas
Aujourd’hui en France, aucun dispositif légal ne protège les femmes victimes de pressions psychologiques les poussant à avorter. Le délit d’incitation à l’avortement a été supprimé par Mme Aubry en 2001. Cette décision participe d’un courant qui tend à faire de l’avortement non plus une possibilité extrême mais un droit qu’il est de bon ton d’exercer.
La réalité vécue est différente : quand une femme est en situation de grossesse non désirée, c’est souvent l’entourage qui pousse à l’avortement, parfois jusqu’à la violence physique. L’adolescente enceinte jetée à la porte de chez elle reste une réalité aujourd’hui encore. Le rôle de ceux qui nous dirigent n’est pas de cautionner ces pressions, mais d’en protéger les femmes.
Notre gouvernement fait l’inverse en traitant l’avortement comme un « acte médical comme un autre ». Dans un contexte où l’omerta est déjà la règle sur les problèmes médicaux et psychologiques que peuvent traverser les femmes qui ont avorté, quelle femme osera critiquer ce qu’on lui aura offert comme un droit ?
Concentrer les efforts gouvernementaux sur la facilitation de l’IVG ne se fait-il pas aujourd’hui au détriment du développement d’organismes de soutien et de la recherche d’alternatives pour les femmes ? Ces alternatives peuvent exister : dans l’Etat du Maine, la mise en place de 25 centres de soutien aux femmes enceintes associée à des campagnes d’information a fait chuter de 23,3% le nombre d’IVG entre 2010 et 2011 – l’avortement serait-il pour certaines un choix par défaut ?
Lire aussi : l‘avortement, un droit fondamental ?
Notes:
1 http://www.dailymotion.com/video/x172ca8_sylviane-agacinski-la-gpa-est-une-demission-de-la-pensee_news#.UoIPFk8DEx4.twitter
2 http://madame.lefigaro.fr/societe/de-plus-plus-difficile-davorter-071113-608696
3 http://www.liberation.fr/societe/2012/03/09/faut-il-s-inquieter-du-recours-a-l-avortement-des-jeunes-oui_801666e
Crédit photo : @frsalefran