Lire l’entretien sur le site de La Voix de la Russie
Récemment, un nouveau mouvement est apparu en France et a commencé à faire parler de lui. Baptisé Antigones , le mouvement se veut féminin, mais pas féministe, et se présente comme une réaction aux Femen, que les lecteurs de La Voix de la Russie connaissent bien. Sa porte-parole (inexact – NDLR) a accepté d’accorder un entretien à La Voix de la Russie.
– Vous avez durant quelques mois « infiltré » le mouvement Femen à Paris, Valeurs Actuelles a réalisé un compte rendu ici, qu’est ce qui vous a incitée à réaliser cette infiltration et comment l’avez-vous préparée et réussie ?
J’ai 21 ans, je suis l’aînée d’une fratrie de trois filles, je suis étudiante en droit à Paris, je suis une étudiante normale et ma vie se partage entre les études, les copines et ma famille. A mes heures perdues, je dessine et je lis. A titre personnel je suis de confession catholique – même si ce n’est pas le cas de toutes les Antigones qui n’ont aucune affiliation politique ou confessionnelle.
Je précise que si je suis la responsable du projet d’infiltration des Femen, je ne suis pas la porte-parole des Antigones, parce que malgré le fait que je sois interrogée pour répondre sur l’opération d’infiltration, je n’ai pas les talents et les compétences pour remplir ce rôle, qu’assume deux de mes camarades, mais qui sont actuellement à l’étranger pour un voyage prévu de longue date. C’est pourquoi, notre communication est sans doute imparfaite, mais de toute façon nous avons choisi de parler vrai, sans avoir recours aux recettes de la communication professionnelle.
– Pourriez-vous également expliquer aux lecteurs ce que sont les Antigones ?
Nous ne sommes pas les anti-Femen, nous sommes le contraire des Femen. Nous voulons porter un message substantiel, donner à penser, débattre, proposer, jusqu’à des mesures très concrètes, même.
Les Antigones ont précédé mon intention d’infiltrer les Femen. C’est un rassemblement de femmes désireuses d’intervenir dans le débat public français et européen sur les questions – toutes les questions – qui touchent les femmes en prenant notre féminité comme point de départ de nos réflexions et de notre démarche. Assumer notre féminité implique la reconnaissance du principe cardinal de la complémentarité des sexes – gravement remis en question par les parodies de mariage pour les duos de même sexe et la théorie du gender. Nous sommes convaincues de l’objectivité première de la sexuation humaine qui constitue un invariant de la condition humaine qui nous est donné à la naissance. A partir de cette donnée fondatrice, chacun « habite » son identité avec ce qu’il reçoit et malgré les accidents de la vie. Je donne souvent en exemple le cas d’une femme violée. Si une femme est victime d’un viol, la théorie subjectiviste, culturaliste, du gender ne lui est d’aucun secours. C’est l’emprunte objective de sa sexuation qui l’a désignée comme victime de son violeur.
– Vous avez durant quelques mois « infiltré » le mouvement Femen à Paris, Valeurs Actuelles a réalisé un compte rendu, qu’est ce qui vous a incitée à réaliser cette infiltration et comment l’avez-vous préparée et réussie ?
J’ai commencé par entamer une réflexion sur la condition féminine contemporaine, sur des sujets très divers comme la justice salariale – en France on emploie à tort le terme d’égalité salariale, il ne s’agit pas d’une question d’égalité entre les sujets mais d’une question qui relève du registre de la justice – a travail égal, salaire égal. Ou bien encore la critique de la société de consommation et ses effets délétères sur les jeunes filles, que ce soit la propagation d’une pornographie diffuse dans les magazines à destination des très jeunes filles ou bien les pathologies induites par l’industrie publicitaire et ses injonctions de conformité à des canons irréalistes comme l’anorexie ou la boulimie.
C’est suite à ces premières réflexions que le problème des Femen s’est imposé à moi par leur omniprésence dans les médias – très complaisants à leur égard. Je devais comprendre, hormis quelques très rares articles, il n’y avait pas de synthèse ou d’enquête sérieuse disponible sur elles. J’ai donc décidé de m’en approcher pour les connaître de l’intérieur pour me faire une opinion exacte, pour pouvoir juger sur pièce.
Afin de les infiltrer, j’ai commencé par me créer une légende, via un profil Facebook que j’ai complété de façon à créer un avatar qui puisse me permettre de les approcher. J’ai posté une photo de moi qui correspondait à ce que je voyais des activités des fans des Femen. Nous étions en pleine affaire Amina, cette jeune Tunisienne qui à l’imitation des Femen avait posé nue sur les réseaux sociaux et avait depuis lors disparu. Comme je ne recevais aucune réponse à mes sollicitations, j’ai décidé de me rendre dans leur repaire – le Lavoir Moderne parisien, un squat-bar-théâtre subventionné par la ville de Paris, où elles sont hébergées gracieusement et où elles ont installé leur « centre d’entraînement international ». Là, j’ai prétexté vouloir une dédicace de l’exemplaire de leur livre-manifeste que j’étais en train de lire. J’en ai profité pour tenter ma chance, j’ai dit à Oksana que je voulais aider, je lui ai demandé ce que je pouvais faire. Elle m’a répondu de revenir le lendemain pour l’entraînement aux actions.
J’ai pas mal lu sur la question féminine, sur le féminisme, sur le gender, sur les Femen, sur la femme en Islam avant de me lancer… J’ai aussi soigneusement préparé mon entrée, ma sécurité, mon anonymat pour garantir le succès de l’opération. J’ai pu m’entourer aussi du soutien de quelques amis, parce que vivre comme cela dans la dissimulation, c’est un peu éprouvant.
– Qu’est ce que vous retenez de votre expérience chez les Femen, qu’est ce qui les caractérise le plus d’après vous?
Ce qui nous scandalise le plus ce sont leurs méthodes. Elles usent très habilement des médias pour s’imposer dans l’espace public, mais nous disons que leurs actions sont très délétères pour les femmes. Elles prétendent défendre les femmes, mais c’est elles qu’elles combattent en jouant brutalement avec les symbole de la féminité, en renforçant les stéréotypes sur l’hystérie féminine, en faisant la leçon loin de tout danger aux femmes des pays arabo-musulmans, au risque de la vie d’Amina, qu’elles prétendent défendre alors qu’elles l’exposent. Elles prétendent combattre l’industrie du sexe, amis au moins deux d’entre elles ont été ou sont encore des travailleuses du sexe – une call girl et une actrice de films porno. Elles mènent des actions profondément liberticides : elles ont profané deux fois Notre-Dame, en violation de la liberté de réunion, de culte et de conscience, tout en s’exhibant dans un lieu sacré pour les catholiques et un lieu de mémoire pour beaucoup ! Cela aurait dû les conduire devant un tribunal… Leur ligne d’action s’est surtout la victoire d’une certaine inculture qui finit par prendre les traits du vandalisme.
– Vous décrivez les Femen comme un mouvement sectaire, sous la houlette du duo de choc Ukrainien, et qui fonctionne dans un vide sidéral d’idées, mais sur une logique unique d’action. Pensez vous réellement que le mouvement ne tient finalement que grâce à l’énergie des deux jolies Ukrainiennes ?
Je sais que les qualités de leader d’Inna et les talents artistiques d’Oksana – qui m’ont époustouflée – jouent incontestablement un rôle moteur dans les succès des Femen. Cependant je crois, que nul n’est indispensable, et désormais Femen pourrait continuer sans elles. Même si il n’y a pas deux paires de seins pareilles, l’idée est lancée et elle va poursuivre sa course. Je pense cependant que Femen a mangé son pain blanc. Elles lassent déjà – on les a beaucoup vu- elles se répètent – aller deux fois à Notre-Dame n’était pas d’une originalité décoiffante, elles déçoivent aussi – il y a eu de nombreux départs déjà et au moins une scission dans Femen France! Ensuite elles commencent à être reconnues avant leurs interventions. Lors de leur dernière provocation à Notre-Dame, ce sont deux Françaises qui ont opéré, l’une a été stoppée avant même le début de leur numéro et elles portaient des perruques. Ca sent le roussi…
Beaucoup de choses m’ont étonnée, en effet.
Une des choses les plus surprenantes aura été de découvrir que les Femen n’ont pas du tout l’intention de monter un mouvement féministe. Si c’était le cas, elles répondraient aux sollicitations, aux offres de services qui leur sont faites. La vérité, c’est que Femen fonctionne comme une agence de communication qui tourne avec quelques permanentes – entre 6 et 10, selon les besoins. Le reste des filles sont traitées comme un vivier de recrutement pour renouveler l’équipe ou pour relayer les actions sur les réseaux sociaux, la direction mixte du mouvement – les deux Ukrainiennes Inna et Oksana et les trois Françaises considèrent leurs soutiens comme de la chaire à canon.
La seconde aura été de découvrir les conditions déplorables dans lesquelles elles vivent, dans un endroit insalubre, mal éclairé, mal isolé, sans un sou, contrairement à l’opinion assez répandue selon laquelle elles rouleraient sur l’or. Ce n’est pas vrai. Elles sont elles même méprisées et exploitées par leurs donneurs d’ordres qui les maintiennent dans une situation extrêmement précaire.
J’ai eu d’autres motifs d’étonnement mais, ce qui m’a le plus surprise et beaucoup déçue, c’est le vide sidéral sur le plan des idées, leur absence totale de formation sur le plan intellectuel et le niveau abyssal du débat. J’ai organisé pour elles un débat sur la théorie du gender – à laquelle les Ukrainiennes sont d’ailleurs opposées comme à une théorie bourgeoise selon des critères marxistes. Cela faisait six mois qu’aucun débat n’avait été organisé. Le résultat aura été dérisoire : si l’une ou l’autre des filles est venue échanger quelques mots à l’issue de mon exposé, je ne peux pas dire que ça a suscité le moindre débat, alors même qu’à ce sujet, il y a une vraie césure interne. Les Françaises du groupe, quant à elles, sont favorables ou très favorables au gender, à l’exception de l’une d’elles qui considère le gender comme trop « identitaire » et qui a d’ailleurs écrit un livre contre la théorie du « genre ». Leur cruel manque de substance est masqué par une unité d’action qui est savamment entretenue par les talents de leader d’Inna et l’activisme spectaculaire – au sens de Debord – de Femen.
– Quel est a votre avis l’objectif des Femen à moyen et long terme ?
Selon moi, et je m’appuie pour vous répondre sur les premiers résultats d’une enquête menée par une des Antigones et qui figurera dans le livre que nous avons presque terminé d’écrire, les Femen sont un groupe d’agit-prop lancé par les milieux de la gauche euro-américaine au service de leur agenda politique et géopolitique. Elles sont les nervis d’un groupe oligarchique qui a déclaré la guerre à la Russie, et qui suite à l’échec relatif de la révolution Orange en Ukraine essaient de se refaire une santé. Au début, les Femen étaient de gentilles filles, très créatives, qui essayaient de faire le bien autour d’elles, qui ont refusé les injustices criantes de l’après-soviétisme, de la période de capitalisme sauvage et parasitaire qui a déstructuré beaucoup de pays d’Europe centrale et orientale.
C’est à ce moment là je pense qu’elles ont été identifiées et réorientées vers des opérations d’influence plus au service de ce clan oligarchique. Leurs buts évidents sont l’ancrage de l’Ukraine dans l’Union européenne et dans l’Otan, afin de contribuer au Drang nach Osten américain commencé sous Eltsine, attiser les braises du conflit de civilisation sommairement théorisé par Huntington – c’est comme ça que s’explique leur virulence radicalement anti-islam – désarmer moralement les peuples européens en s’attaquant à leurs racines chrétiennes. Elles cherchent aussi à démoraliser en soulevant les femmes contre les hommes selon la vieille leçon d’Aristote qui explique que lorsqu’un tyran veut assurer son trône, le plus sûr moyen est de soulever les femmes contre les hommes.
Les opérations qu’elles réalisent, qui ont trait à certains aspects de la question féminine – la lutte contre la prostitution par exemple – servent à les légitimer, à les faire connaître afin de permettre un fort écho lorsqu’elles font des opérations dont les buts ne sont pas ceux des féministes – même pop ou « sextrémistes », mais ceux de leurs donneurs d’ordres. Je pense ici à l’opération qu’elles ont menée sur la question du gaz Ukrainien. C’est lorsqu’elles font ce type d’opération qu’elles sont réellement dans le rôle qu’on a voulu pour elles. Le reste c’est du cirque pour donner le change.
Un but important semble aussi de nuire à deux personnalités européennes qui ont des défauts évidents et qui n’ont pas particulièrement ma sympathie mais qui semblent nuire aux marionnettistes qui agitent les Femen: Vladimir Poutine, d’une part et Silvio Berlusconi, d’autre part.
Elles se sont très tôt intéressées à l’Italie. Tout me laisse penser qu’elles devaient aider à faire tomber Berlusconi dans le cadre de la lutte de certains milieux financiers pour garder l’Italie sous contrôle malgré la situation dramatique qu’elle traverse. Ce ne sont que des conjectures, mais elles s’appuient sur des présomptions et des faisceaux d’indices solides.
– Loubna Méliane, membre de Femen France, a confié a la presse qu’elle a « mis des mois à comprendre que la situation en France ne les intéressait pas » ou encore que « Dans notre dos, Inna prenait ses ordres à Kiev.. ». Est-ce aussi votre opinion ?
Absolument. Elles opèrent depuis Paris comme certains réseaux islamistes opèrent depuis Londres ou Stockholm. Elles appliquent le principe de la base arrière, du sanctuaire. Elles ont bien choisi, puisque là encore de nombreux éléments permettent de supposer des protections au plus haut niveau de l’Etat français, spécialement au ministère de l’Intérieur.
– Un ex-sponsor des Femen a récemment accordé un entretien à la presse Ukrainienne en expliquant que les visites des Femen étaient en réalité grassement payées, jusqu’à 10.000 euros l’action. Ce dernier a même accusé Inna Chevtchenko d’avoir acheté en France des chaussures à 800 euros ! Ces dernières ont récemment participé à un déplacement en Turquie sponsorisé par une grande marque de lingerie. Vous décrivez pourtant les FEMEN comme une organisation sans argent, quelle est votre opinion ?
Si elles ont de l’argent, alors elles ne le dépensent pas ! Ce que j’ai vu c’est des filles logées dans des conditions insalubres, mettant leur santé en danger, dans un lieu mal isolé, mal chauffé, mal éclairé, sans confort, sale et dans la promiscuité.
Elles n’ont pas toujours de quoi joindre les deux bouts. Si elles ne reçoivent pas des sommes folles contre leurs services ça n’enlève rien à l’affaire. C’est un groupe liberticide, qui se revendique comme terroriste, au service d’un agenda qui n’est pas public, avec un fonctionnement opaque et qui viole des dizaines de lois à chacune de ses interventions. Que leurs motivations soit idéologiques et non pécuniaires ne m’étonne pas plus que cela.
– Avez-vous des informations sur les fameux sponsors et donneurs d’ordres à Kiev ? On a parlé de généreux sponsors comme Helmut Geier (DJ Hell) ou encore des hommes d’affaires allemands (Beate Schober) et américains (Jed Sunden)… D’un obscur homme d’affaires ukrainien du nom de Viktor Sviatski … Avez-vous des renseignements à ce sujet et quelles sont d’après vous les autres pistes ?
Nous disposons des mêmes éléments. Oui nous avons bien identifié le mentor des quatre « fondatrices » des Femen comme étant Victor Sviatski. C’est un homme de communication à les croire qui naviguerait entre l’Ukraine et les Etats-Unis. L’enquête est en cours je ne peux pas en dire plus pour le moment. On parle beaucoup de la sphère Soros sur la Toile, mais sans apporter de preuves ou d’indices concordants… Lorsque je publierai, je pourrais répondre de façon assez définitive à ces questions. Mais il est encore trop tôt.
– Antigones a récemment tenté de rendre une visite de courtoisie aux Femem, j’ai lu ça et là que vous aviez réussi à rassembler 150 manifestantes, ce qui est énorme. Quelle est la source de ce vivier de jeunes femmes militantes ?
Nous savons depuis que des centaines, si elles avaient pu être informées seraient venues également ! Les filles ont été informées de proche en proche, de copine à copine – par le bouche à oreille – nous avons essayé de limiter les contacts électroniques au maximum ! Pas de SMS, ni de courriels et évidemment pas de réseaux sociaux. Si nous avions pu mettre un message sur Facebook sans risquer d’être importunées par la police nous aurions été plus d’un millier ! En trois jours nous avons reçu plus de 3.500 « like » sur notre page Facebook, la vidéo que nous avons réalisée à été vue 77.000 fois en trois jours, je reçois des demandes d’entretiens en grand nombre et auxquels je ne peux répondre. Nous recevons des messages de soutiens par centaines…
Ces jeunes femmes viennent d’horizons différents, il y a des catholiques, des agnostiques, des étudiantes et des jeunes travailleuses, des mamans et des clubbeuses, des filles qui ont pris une part active à la mobilisation contre le pseudo mariage homosexuel et d’autres pour qui c’est un premier engagement… Mais toutes partagent un même désir de vivre leur féminité – loin des injonctions d’un féminisme ad cadaver – et de défendre les principes qui sont les nôtres : complémentarité des sexes, refus de la théorie du gender, réflexion et travail en vue de l’amélioration de la condition féminine des femmes françaises et européennes.
– Les Antigones appellent les femmes à « construire leur avenir en complémentarité avec les hommes et non contre eux ». Pourriez-vous développer ?
Nous refusons d’être niées dans notre féminité, or dans la sexuation il y a une sorte d’incomplétude dont les philosophes ont essayé de rendre compte… Je pense au mythe de l’Androgyne de Platon. Cette incomplétude, ce manque on le comble socialement, avec son parent de sexe opposé, avec ses frères, ses amis, son amant ou son mari. ET vice versa.
Cette réalité est niée aujourd’hui par les progressistes de tous poils qui veulent nous faire passer des vessies pour des lanternes.
Cette réalité anthropologique millénaire, mais très actuelle aussi, parce qu’invariable, on voudrait nous la faire abandonner pour procéder à des expérimentations ou l’argent et l’Etat ont beaucoup à voir. Nous nous y opposons le plus fermement du monde, comme jadis les dissidents se sont opposés au projet fou de nouvel homme – homo sovieticus. Soljenitsyne est d’ailleurs une de nos références capitales.
– Vous affirmez dans votre « message aux Femen » que la religion est pour vous le « chemin de la liberté » et non une oppression. Il semble de plus en plus clair en effet que la raison d’être des Femen soit en effet de lutter contre la Religion. Avez-vous pu en discuter avec les Femen lors de votre infiltration ?
Oui, on parle beaucoup du « problème religieux » chez les Femen, mais en des termes la plupart du temps très sommaires. Je pense en particulier à Oksana, qui raconte dans leur livre sa rupture brutale d’avec la foi. J’ai pu retrouver de la haine dans leur propos qui sont un mélange détonnant d’inculture religieuse, de clichés et de cette blessure qui me laisse songeuse. Je dirai qu’on a affaire là, chez certaines d’entre elles, à une blessure très intime qui frôle parfois le mystère d’iniquité.
Dans mon esprit il est clair que le christianisme à joué un rôle fondamental dans l’émancipation féminine, et plus largement dans le procès de personnalisation par l’imitation du prototype christique. La christologie est sans doute la plus importante révolution épistémologique dans l’ordre des pratiques sociales. C’est la notion de personne qui a été le grand apport en matière d’émancipation humaine.
– Quelles ont été les réactions, au sein des militantes françaises, après les actions contre la mosquée de Paris ? On a parlé dans la presse de militantes qui auraient quitté le mouvement, est ce vrai ?
Oui des militantes ont quitté le mouvement. Je ne les ai pas connues, j’étais en phase d’approche à ce moment-là, contact était pris, mais je n’étais pas encore intégrée.
A l’exception de l’une d’elles qui est revenue après s’être un peu éloignée pour réfléchir… et que ça a beaucoup déstabilisée. A l’occasion d’une réunion de débriefe sur cette fameuse opération, j’ai pu l’écouter longuement.
Lors de cette réunion, j’ai appris qu’elles avaient perdu beaucoup de soutiens suite à la crémation du drapeau du prophète de l’Islam devant la Mosquée de Paris. Elles sont souvent accusées de paternalisme, d’impérialisme occidental, voire de racisme par les féministes marquées par l’expérience de la décolonisation et des quartiers immigrés en raison de leur position de donneuses de leçons et de leur projet utopique et iréaliste de « pop » féminisme mondial.
Elles ne réalisent pas que chaque situation appelle des formules appropriées à l’endroit, au climat, au tempérament, aux mœurs… elles ne font preuve d’aucune nuance. Elles sont dans ce que le philosophe Jean-Claude Milner appelle l’illimité…
– Revenons-en à vous, Quel est l’objectif au fond des Antigones? Que souhaitez-vous que ce mouvement devienne ?
Nous voulons intervenir dans le débat public pour faire valoir notre point de vue féminin et ne pas laisser le monopole de la parole aux féministes. Leur temps est révolu, il est temps de tourner la page. Ce que nous voulons c’est offrir un vecteur d’expression à toutes ces femmes, qui aujourd’hui nous contactent par centaines pour s’organiser afin de produire des contenus originaux au service des femmes dans leur dignité et leur intégrité. Nous aborderont tous les sujets sans exclusive s’ils touchent de près ou de loin à nos préoccupation et nous réservons le droit d’intervenir pacifiquement mais fermement dans le débat public.
– En Ukraine, en Biélorussie ou en Russie le mouvement n’a pas pris, car les femmes slaves sont très féminines et très peu féministes, le système communiste leur ayant octroyé très tôt nombre de droits (vote, avortement….) mais également de lourds devoirs (participation massive de femmes soviétiques a la Grande Guerre patriotique, etc.…), quel message souhaiteriez faire passer auprès des femmes de l’ex-bloc Soviétique?
Je n’ai pas de leçon à leur donner, elles savent ce qu’elles ont à faire pour contribuer au redressement de leur patrie, amies fidèles de notre vieille nation… En revanche, je formule pour elles le vœu qu’elles puissent se libérer au plus vite des aliénations nouvelles qui ont succédé aux anciennes, celles datant du soviétisme… Je pense en particulier aux réseaux de proxénétisme qui asservissent tant de vos filles pour les vendre en Europe de l’Ouest… Qu’elles sachent que sur ce sujet comme sur les autres, elles ont des amies ici, en France.