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J’ai l’intime conviction qu’être une femme, c’est vivre un attachement, un lien particulier avec la Nature, dont je fais tous les jours l’expérience dans mon corps.
J’aime ma corporéité parfois encombrante, parfois douloureuse. J’aime être un être cyclique. J’aime faire l’expérience à travers mon corps des limites de ma condition humaine, être rappelée chaque mois à une forme de fin. Car c’est cette fin, c’est la dimension finie de mon existence qui me donne toute ma capacité créatrice. C’est celle-ci qui me rappelle l’urgence qu’il y a à dire, à créer, à transmettre, à aimer.
En vérité, ce cycle féminin si critiqué, qui entre en si grande contradiction avec les exigences de la société qui m’entoure, je l’aime justement parce qu’il m’oblige. Lorsque la société me demande d’être constamment productive, d’être constamment la « jeune fille » souriante et pimpante qu’elle a pris pour modèle, d’être toujours en activité ; mon corps, lui, est bien le seul à me rappeler impérativement le besoin viscéral qu’à chaque être humain – homme ou femme – au repos, à l’intériorité, à une forme d’hiver du corps et de l’esprit.
De la même façon que la Nature qui en hiver semble dormir, libérée de ses ornements, de ses fastes, le cycle féminin est à mes yeux un rappel de la Nature pour nous obliger à nous reposer, pour nous rappeler à nos limites. C’est pourquoi même les douleurs qui souvent accompagnent ce cycle ont leur raison d’être. Elles nous disent combien la vie est faite de joies comme des peines, de fins, de pertes, combien fragiles et précieux sont nos corps, quand ils palpitent de vie autant que lorsqu’ils se recroquevillent malades. Et de la même façon qu’en hiver, derrière cet apparent sommeil, sous la terre gelée, un mystère se trame, la sève se prépare à redonner vie aux plantes, les bourgeons se préparent lentement à éclore ; le cycle des femmes est aussi un appel à renaître.
Ce que j’aime avant tout dans ce corps cyclique, c’est cette harmonie totale avec la Nature qui vit et qui m’entoure. Quand la lune monte et emmène la mer avec elle, quand les saisons défilent et que la Nature, inlassablement, naît, vit et meurt ; mon corps lui aussi est un hymne à la vie qui suit son cours, un complexe et insondable mystère.
Catherine