Une tribune d’Anne Trewby parue sur le site internet de Valeurs Actuelles le 1er mai 2020, à retrouver ici.
Depuis le départ de la fameuse pandémie qui nous vaut une assignation à résidence généralisée, le gouvernement use et abuse d’une rhétorique de guerre pour le moins ridicule lorsqu’on voit son incapacité à gérer la crise. Elle est pourtant révélatrice de l’état d’esprit de nos élites, qui préfèrent accuser la nature que d’assumer leur propre responsabilité dans la crise actuelle.
D’après Monsieur Macron, nous serions « en guerre » contre le Covid-19. En guerre contre un virus, mais quelle aberration ! Les virus font partie de la nature. Ils ne sont ni bons ni mauvais. Certains sont plus virulents et dangereux que d’autres, certes. Comme le loup est dangereux pour les autres animaux. Se mettre en guerre contre un virus, c’est combattre la nature elle-même. Les virus sont invisibles et se répandent inéluctablement, prenant l’homme ou l’animal pour véhicule. C’est donc le vivant dans son entier qui est coupable ?
Pauvre virus ! Il fait un bouc émissaire bien commode pour des élites bien contentes de trouver un ogre à montrer du doigt pour ne pas avoir à répondre des choix politiques qu’ils ont fait. Accusons le loup pour la négligence du berger, c’est si facile. Entre l’ouverture des frontières qui a largement accéléré la circulation du virus, la pénurie de matériel médical et de personnel soignant et l’état de santé déplorable de nos contemporains pollués par des modes de vie toxiques, ce sont pourtant leurs décisions qui mettent désormais en danger ceux qui restent, et notamment les soignants dépassés par l’afflux des malades.
Elle a bon dos la nature. Mais après tout, elle n’était pas à une attaque près. La politique est passée de l’art d’organiser la vie à celui d’orchestrer la mort, avec des lois de plus en plus militantes en faveur de l’avortement et de l’euthanasie. Le système agro-industriel occidental a ajouté sa pierre à l’édifice en nous servant une nourriture et des produits de consommation de plus en plus toxiques. Quant à notre système de santé, il distribue massivement des perturbateurs endocriniens aux femmes et aux adolescentes et leur fabrique des bébés sur-mesure plutôt que de résoudre les problèmes de fertilité qu’engendrent nos modes de vie.
Le combat contre le vivant, finalement, cela fait cinquante ans qu’il est en cours. Le système économico-politique dans lequel nous vivons ne considère le vivant qu’en tant qu’il est exploitable, rentable, consommable ; et celui-ci meurt lentement de cette mise en esclavage.
Contre un virus, comme contre tous les dangers de la nature, le bon sens, c’est de se protéger, évidemment. Mais le berger ne garde pas ses brebis enfermées toute l’année de peur du loup. Il prend un chien et surveille son troupeau. De même, nous ne pouvons vivre éternellement cachés pour nous protéger d’un virus qui ne disparaîtra pas simplement parce que Monsieur Macron lui a déclaré la guerre. Nous ne nous sauverons pas en nous confinant dans des maisons transformées en bunkers des temps modernes à grands coups de Javel et de détergent.
Alors ne nous trompons pas de combat. Notre ennemi, ce sont tous ceux qui s’en prennent au vivant, qu’il s’agisse de l’homme ou de la nature. C’est le système agro-industriel qui nous empoisonne depuis des années. Ce sont les promoteurs de l’avortement et de l’euthanasie. Ce sont toutes les élites politiques qui ont ouvert nos frontières à tous vents par appât du gain. Celles qui prétendent nous offrir plus de sécurité en échange de nos libertés. Alors au travail, car ce combat-là est loin d’être gagné. Il ne tient pourtant qu’à nous de changer les règles du jeu, et cela d’abord en refusant qu’on nous en impose d’injustes.