Cette année les traditionnels colliers de nouilles, bouquets de fleurs et boîtes de chocolat de la fête des mères, se font sur fond de réforme des retraites. Le gouvernement présentera son projet de loi en septembre, mais nous savons déjà qu’il y a de fortes chances pour que ce soient les femmes, et surtout les mères, qui trinquent. Bonne fête maman !
La concertation que menait Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire en charge de la réforme, avec les syndicats a pris fin ce mois de mai. Les pistes de travail discutées pour la future réforme a de bonnes chances de mettre définitivement fin à toute prise en compte des spécificités sexuées par la société, et à toute dynamique de solidarité de couple.
Fin des pensions de réversion, calcul des points uniquement calculé sur les cotisations sans prise en compte des enfants à charge… les possibilités évoquées sont nombreuses, économiques pour les caisses de retraite, et assassines pour les familles. La seule raison pour laquelle le gouvernement n’irait pas au bout de telles mesures serait éventuellement le mécontentement du peuple.
Sauf que, premièrement, la crise des Gilets Jaunes a bien montré que le gouvernement actuel n’en n’avait pas grand-chose à faire du mécontentement du peuple. Si tant est que le peuple soit effectivement massivement mécontent de telles mesures… cela reste à voir.
Deuxièmement, les femmes qui seraient les premières à souffrir de tels choix ne seraient pas en mesure de se faire entendre : comment des retraitées qui peinent à se nourrir, des mères de famille célibataires, des mères de famille nombreuses isolées pourraient s’organiser pour représenter une réelle force d’opposition aussi inquiétante pour un gouvernement qu’un syndicat, qu’un lobby ou qu’une révolte ?
Troisièmement, la situation économique actuelle et les mesures financières et idéologues visant à pousser les femmes, et surtout les mères, à retourner au travail le plus vite possible amènent de facto à ce que de moins en moins de personnes soient concernées à l’avenir par ces mesures. La question qu’on ne se pose pas assez, c’est « s’agit-il vraiment d’un choix, d’un choix libre, de la part des femmes ? »
A force de nous répéter que le sexe n’est que pour le plaisir, qu’on a un enfant quand on le veut et c’est tout, et que franchement, la maternité, ce n’est pas la panacée en termes d’accomplissement personnel pour les femmes, l’opinion public a intégré l’idée selon laquelle chacun étant censé être responsable de ses fesses, devrait l’être aussi de sa progéniture. Après tout, avoir des enfants, ou même pour ceux qui l’osent, une famille nombreuse, c’est un choix personnel non ? Alors les familles qui vivent aux crochets des allocs, c’est un peu dégueulasse non ? Apogée ultime de la logique libérale selon laquelle chacun son choix, chacun sa merde.
Le progrès médical a offert aux femmes la pilule, l’avortement sans risque, la PMA et la congélation des ovocytes. Les combats féministes les ont libérées de leurs maris, de leurs foyers, de leurs obligations familiales. On a même le droit de regretter d’être mère maintenant. Par contre, pour l’être, à l’avenir, il vaudra mieux avoir mis de sacrées sommes de côté – ce qui au passage ne fera que reculer encore l’âge moyen du premier enfant chez les femmes, et donc augmenter le recours aux PMA, et donc le coût de la maternité.
Au-revoir mères au foyer, au-revoir familles nombreuses, au-revoir solidarité des époux. Bonjour avortements économiques, burn-out maternels, immigration massive. Parce que oui, la réalité, c’est que de la génération dépend la survie de la société. Ce n’est pas juste notre système de répartition sociale que ces politiques antinatalistes mettent en question, c’est la survie de notre corps social, qui n’est assuré que par le renouvellement des générations. Contrairement à ce que pensent les technocrates calculateurs et les multinationales avides de petits profits, un migrant ne remplace pas un enfant. Bonne fête maman !
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