Le programme de Marine Le Pen

Commentaire du programme de Marine Le Pen pour les élections présidentielles 2017

A l’occasion des présidentielles 2017, nous vous proposons une lecture croisée des programmes des cinq candidats les plus plébiscités dans les média – Marine Le Pen, François Fillon, Emmanuel Macron, Benoit Hamon et Jean-Luc Mélenchon – comportant notamment une analyse de leurs positionnements sur les questions féminines.

Nous vous proposons également un résumé de ce travail, et surtout, nos propres propositions aux candidats pour apporter des solutions concrètes aux problématiques des Françaises.

Le programme de Marine Le Pen a le mérite d’être très dense et très précis sur les points économiques, fiscaux, sécuritaires : 144 points ! Si son programme se distingue de celui de ses adversaires par certains aspects, il n’est pas révolutionnaire pour autant dans la mesure où il reste en totale conformité avec les grandes tendance de la présidentielle, entre sacrifice des libertés par soucis sécuritaire et conformité aux « valeurs républicaines ».

 

Une économie et une fiscalité protectrices

Aucune disposition économique spécifique aux femmes n’est proposée par Marine Le Pen. La dimension protectrice de son programme économique ne peut toutefois qu’être bénéfique pour ces dernières. Ce sont elles en effet qui pâtissent le plus de la précarité du marché de travail, comme le rappellent les nombreuses littératures féministes sur le sujet.

Le Front national propose notamment le retrait de la loi Macron, donc la suppression de l’autorisation à travailler le dimanche. Les femmes étant les premières touchées par cette mesure (à hauteur de 80%!), nous ne pouvons que saluer cette disposition.

Le protectionnisme du Front National en matière économique, par la revalorisation du travail en France, est également une bonne nouvelle pour les foyers français. Cette fibre protectionniste dont hérite Marine Le Pen protège les femmes de la précarité qui accompagne le mondialisme à tout crin qui est aujourd’hui la règle, entre location d’utérus et plus largement marchandisation du corps.

A l’image de ses mesures économiques, Marine Le Pen prévoit une fiscalité bénéfique aux familles, avec le refus du prélèvement à la source. Ce prélèvement est au vu de l’impôt en France parfaitement liberticide, puisque cette déclaration très personnalisée passerait alors entre les mains de l’employeur. La vie privée de chacun y serait ainsi étalée aux vues et aux sus de ce dernier : pension alimentaire, emploi de femme de ménage, garde d’enfant, divorce, propriété, legs, parents à charge…

Par ailleurs le Front national prévoit de rehausser le quotient familial, disposition profitable aux familles en difficulté économique, qu’il s’agisse de mères célibataires ou de familles nombreuses.

 

Le congé parental, retour à l’état ante

Un point positif nous négligeable dans le programme de Marine Le Pen est celui du congé parental. La candidate n’envisage pas celui-ci comme un frein au retour des femmes sur le marché du travail, mais comme un choix libre des familles, une possibilité que le monde moderne offre aux salariés : pouvoir se « donner le temps » d’être avec ses enfants.

Le Front National propose ainsi de revenir sur le congé parental, comme un libre choix qui peut être pris indifféremment par l’un des parents, quel que soit son sexe. Si ce retour à l’état ante nous parait être important, il reste que celui-ci n’est pas suffisant car il ne prend pas pleinement en compte l’enjeu économique que représente le congé parental pour les familles comme pour les entreprises.

Nous n’avons de cesse de le rappeler : les congés parentaux et maternité sont facteur de rupture de carrière pour les femmes et donc d’inégalité salariale, de discrimination à l’embauche et d’écart de points de retraite. Si le congé parental redevient un choix, il sera majoritairement pris par les femmes, ne résolvant donc ni le problème de discrimination à l’embauche, ni celui d’écart de carrière. Le Front National rest silencieux sur les solutions qu’il serait nécessaire de mettre en place pour répondre à ces problématiques. Maintenir le choix réel des femmes de prendre un tel congé doit s’accompagner de mesures économiques protectrices concrètes.

Ce congé parental coûtant cher à nos petites et moyennes entreprises, un allègement fiscal ou un accompagnement quelconque devrait être proposé pour palier cette difficulté. Il n’en est rien.  La mesure reste donc pour nous en demi-teinte.

 

Une vision unilatérale et limitée des questions féminines

Marine Le Pen a mis du temps à aborder la question féminine. C’est un sujet avec lequel elle se familiarise doucement et timidement. À première vue, elle ne semble parler des femmes que lorsqu’elle évoque l’Islam ou l’égalité des salaires. La médiocrité de son point numéro 9 dénote d’autant plus que le reste de son programme est d’une précision. « Défendre les droits des femmes : lutter contre l’islamisme qui fait reculer leurs libertés fondamentales ; mettre en place un plan national pour l’égalité salariale femme/homme et lutter contre la précarité professionnelle et sociale ».  On ne peut pourtant pas concevoir les libertés des femmes avec comme seul prisme celui de l’Islam sans omettre tout le reste des problématiques auxquelles sont confrontées les femmes. Pour ce qui est du « plan national pour l’égalité salariale », il n’est qu’une pétition de principe sans contenu.

Nous saluons par contre la protection contre les violences qu’amènent ses propositions pour les femmes. Si Marine Le Pen n’aborde pas frontalement le sujet des violences faites aux femmes – pourtant clef, le retrait de la Loi Taubira II qu’elle propose va dans le bon sens. Cette loi que nous avions déjà dénoncée prévoit en effet l’inapplication des peines de prison de moins de deux ans. Or il semble évident que pour qu’un système pénal soit respecté et que justice soit rendue, il est nécessaire d’avoir la certitude que les condamnés purgent leurs peines. Ce retrait est donc une bonne nouvelle pour les femmes victimes de violences, d’autant plus que cette mesure est accompagnée de son corollaire utile ; l’augmentation des places dans les prisons.

 

Plus de sécurité, moins de libertés

Le programme du Front national, comme celui des autres candidats, est particulièrement liberticide. Il prévoit ainsi la mise en place d’une police préventive au travers d’un renforcement des renseignements, avec notamment une agence unique rattachée au premier ministre. Ce mélange des genres est une confusion des genres, conséquence directe de la fusion entre polices judiciaire et administrative. Cette distinction est pourtant nécessaire puisque c’est elle qui nous protège en limitant les actes privatifs de libertés.

Par ailleurs, certaines des solutions que propose Marine Le Pen pour lutter contre l’islamisme sont par nature liberticide et finiront nécessairement par se retourner contre l’honnête citoyen, la loi étant la même pour tous. La sécurité ne doit en aucun cas être mélangée avec le contrôle et la privation de liberté. Lorsque le Front national souhaite la fusion de la Carte Nationale d’Identité avec une Carte Vitale « biométrique », nous ne sommes plus très loin du film Bienvenue à Gattaca.

Pour ceux qui trouveront que ce sujet nous éloigne des femmes, nous répondrons qu’il est de notoriété publique que l’on ne demande pas son âge à une femme, alors qu’en est-il de lui demander si elle s’est fait opéré du cancer du sein, le nombre d’enfants qu’elle a enfantés, ou si elle est en retard sur ses frottis bisannuels ?

 

Une candidate républicaine et laïcarde

La perception référendaire de la république de Marine Le Pen nous parait peu fonctionnelle, sinon liberticide. Si nous avions du attendre un référendum pour le droit de vote des femmes, il est tout à fait possible que nous ne l’ayons jamais obtenu ! Cette note humoristique pour rappeler combien les droits ne sont pas liés à la volonté des votants. Si la démocratie de proximité est une vertu essentielle de chaque régime, le référendum comme mode d’administration nous semble stérile.

A contrario, le Front national prévoit la disparition des communautés de communes et souhaite redonner du poids au maire. Depuis l’avènement de ces communautés de communes, le poids des citoyens sur leur localité est réduit à néant, le maire étant devenu un fonctionnaire de l’État privé de décision plutôt qu’un politique. Cette proposition du Front national nous semble au contraire bénéfique car faisant prévaloir la proximité et un regain de la vie communale. Les femmes, particulièrement actives dans le tissu associatif et la localité, pourront mieux y rayonner.

Le Front national développe par ailleurs une vision de la laïcité proche de celle d’Emmanuel Macron. En France, la laïcité est progressivement devenue un rejet de toute spiritualité dans l’espace public, niant la nature même de ce qu’est une religion pour ceux qui croient en une transcendance. La religion perçue comme affaire purement privée est une chimère dangereuse qui nous mène à un chapelet d’interdictions liberticides, du voile de la bonne sœur à celui de la musulmane, du burkini au sein nu des Femen. A force de vouloir légiférer jusque sur les tenues vestimentaires des femmes, la laïcité est devenue l’avènement de la religion du jean uniforme. Elle est aujourd’hui le fer de lance d’une islamo paranoïa contraire à nos libertés.

 

Éducation et petite enfance, un pouvoir aux mains de l’État

Si nous saluons la disposition qui concerne la mise en valeur de l’apprentissage, nous regrettons les propositions liberticides sur l’école du Front national. En effet, l’école est un enjeu crucial de liberté, or Marine Le Pen le bride pour des raisons sécuritaires. Elle n’envisage ni école libre, ni un véritable choix scolaire..

L’école est envisagée dans son programme comme un outil assimilationniste, arme d’une république mourante et la famille se voit privé du choix de l’éducation de ses enfants. Marine Le Pen ne semble de toute évidence pas favorable aux écoles privées ni à l’instruction en famille.

Si le Front national est attentif à veiller à la protection de la petite enfance, notamment par la modification du fonctionnement de l’ADASS et l’augmentation de l’aide aux handicapés, aucune disposition ne donne un choix réel aux femmes pour éviter l’avortement. Quand on sait que la plupart des avortements sont faits pour des raisons économiques, cette absence de prise de position est délétère.

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