La lutte contre la radicalisation à l’école, invoquée pour restreindre la liberté éducative des citoyens, n’est qu’un écran de fumée masquant un autre enjeu bien réel : la défense de nos libertés. Benjamin Franklin disait : « Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une, ni l’autre, et finira par perdre les deux. » Que dire d’un peuple qui accepte de sacrifier des pans entiers de ses libertés fondamentales, sans le moindre bénéfice sécuritaire ?
La lutte contre la radicalisation à l’école, invoquée par le député LR Eric Ciotti dans sa dernière proposition de loi contre la liberté scolaire déposée en avril dernier, est également le prétexte avancé par le gouvernement pour resserrer le dispositif légal autour des écoles hors contrat et de l’Instruction en famille. C’est ce qui ressort du Plan d’action contre la radicalisation et le terrorisme (PART), mesure 40, publié le 9 mai dernier par le comité interministériel, ainsi que de la conférence de presse donnée le 9 juin 2016 par Madame Vallaud-Belkacem.
La radicalisation, prétexte idéal pour relancer la politique des petits pas
Il ne s’agit en réalité que d’un prétexte facile pour donner de l’élan à des mesures déjà prévues en amont : le PART nous apprend en effet qu’un plan de contrôle de l’enseignement privé hors contrat et de l’IEF a été lancé en 2014, avant les attentats de 2015. En outre, une simple consultation de la chronologie permet de se rendre à l’évidence : une politique des petits pas [lien] est en marche, vers la suppression de notre liberté éducative. Au reste, NVB elle-même sape son propre prétexte en soulignant, dans sa conférence de presse du 9 juin, que les contrôles des écoles hors contrat n’ont pas révélé de phénomènes de radicalisation, et que les chiffres de l’IEF démentent également les préjugés qui voudraient établir une corrélation entre radicalisation et IEF.
De nouvelles lois pour lutter contre la radicalisation islamiste ? Une aberration !
Notre critique détaillée de la proposition Ciotti mettait en évidence l’inutilité parfaite des mesures proposées pour lutter contre la radicalisation à l’école – nous n’y reviendrons pas ici. Soulignons simplement l’aberration qu’il y a à vouloir créer de nouveaux dispositifs légaux qui vont limiter les libertés de tous les citoyens, alors même que nos dirigeants n’osent pas prendre les mesures simples qui sont déjà à notre portée, comme par exemple l’expulsion des prédicateurs étrangers ou la fermeture des mosquées salafistes.
Il est en outre parfaitement ridicule de croire que c’est par de nouvelles lois que nous règlerons le problème du radicalisme musulman, puisque le propre de l’islam radical est de comporter une irréductible dimension politique, évidemment incompatible avec les lois de la République. La voie légale est à plus forte raison inefficace pour lutter contre le terrorisme, puisque le propre du terrorisme est précisément l’illégalité.
Une évidence doit enfin être rappelée : ce n’est pas le rôle de la loi de régler des situations conjoncturelles. En s’attaquant à un problème ciblé, c’est en réalité tous les citoyens qui font les frais de ces mesures, comme en témoigne l’ensemble des lois liberticides adoptées sous couvert d’état d’urgence et de lutte contre le terrorisme – de la loi de programmation militaire au projet de loi pour la modernisation de la justice, en passant par les propositions les plus récentes pour une justice préventive.
La radicalisation, une notion au potentiel liberticide
Il faut enfin souligner le potentiel liberticide que recèle la notion dynamique de radicalisation, qui désigne non pas un état définissable, mais le processus conduisant à l’état de radicalisme. Le site officiel Eduscol en propose la définition suivante, dans la rubrique « Prévention de la radicalisation » :
Le travail interministériel en France a permis un consensus autour de la définition suivante : « Par radicalisation, on désigne le processus par lequel un individu ou un groupe adopte une forme violente d’action, directement liée à une idéologie extrémiste à contenu politique, social ou religieux, qui conteste l’ordre établi ». (Fahrad Khosrokhavar).
La radicalisation n’est pas ainsi exclusive au terrorisme islamiste mais intègre tout type d’idéologie, religieuse ou non, qui conduit l’individu à choisir l’action violente, au nom des croyances auxquelles il adhère sans compromission possible, engagement terroriste contre les autres membres de la société dont il rejette, inconditionnellement, les valeurs et le mode de vie. On parle ainsi de processus de radicalisation, par paliers avec adhésion et rupture avec l’environnement habituel.
La radicalisation apparaît comme un phénomène profondément lié à l’exploitation de conflits d’identité, fragilités renforcées par des ruptures (scolaire, familiale, histoire personnelle…).
Si la notion d’action violente est un élément indispensable pour identifier une radicalisation accomplie, les critères permettant de reconnaîter un « processus de radicalisation » sont bien moins précis. C’est n’importe quel militant « antisystème », de droite ou de gauche, anarchiste, écolo ou royaliste, qui peut être visé par les mesures de lutte contre la radicalisation. C’est non seulement le musulman extrémiste, mais encore le chrétien qui conclut à l’incompatibilité de sa foi avec « l’ordre établi », « les valeurs et le mode de vie » du capitalisme libéral-libertaire. C’est vous et moi, nous tous, qui pouvons être visés par ces mesures dès lors que nous adoptons un mode de vie en rupture avec l’ordre établi.
Conclusion
L’enjeu véritable de ces propositions de loi n’est donc pas la lutte contre l’islamisme (si tant est que ce néologisme ait un sens), mais la défense de notre liberté. Face au déferlement de populations exogènes qui ébranlent notre identité, nous avons besoin plus que jamais d’une réaffirmation de nos libertés, de ce que nous sommes. L’idéologie du vide propre à notre société libérale-libertaire ne nous sera d’aucun secours. La transmission est essentielle dans cette lutte que nous avons à mener, c’est pourquoi le combat pour une liberté éducative pleine et entière doit être l’une de nos priorités.
Le problème migratoire n’est qu’un symptôme parmi d’autres d’un système socio-économique à la dérive. Il faut ici être radical au sens fort du terme : prendre les problèmes à leur racine et ne pas se limiter à l’épiphénomène de l’islam radical, qui n’est qu’une conséquence du délitement de notre société. Nous faisons face à un système politique qui sent que tout lui échappe de plus en plus, et qui tend donc à se crisper sur ce qui est encore à sa portée – sur nos libertés. Pour notre identité, pour notre liberté, pour ce qui fait de nous des hommes, osons la radicalité éducative !