Le féminicide, ce mot qui ne veut rien dire

En 2016, pour la journée internationale contre les violences faites aux femmes, Les Antigones ont choisi de dénoncer les violences faites aux femmes dans leurs corps, avec notamment la question de la prostitutionle cyberharcèlement, et la notion fallacieuse de féminicide.

 

Les Antigones reconnaissent l’existence de  violences spécifiques à l’égard des femmes, vulnérables notamment à de potentielles violences physiques. Ces violences spécifiques aux femmes, d’autres que nous en parlent. Les groupes féministes notamment, parmi lesquels Osez Le Féminisme (OLF), qui regroupe ces violences sous le terme de « féminicide ». Sur cette question leurs revendications sont claires : « Le machisme tue. Mettons un terme aux crimes machistes. Reconnaissons le féminicide ».[1]

Qu’est-ce donc que ce fameux féminicide ? . Si en principe le feminicide est le « meurtre d’une femme, d’une fille, en raison de son sexe » (Petit Robert, 2015), Valérie Fonne, étudiante en Master 2 à l’Institut des Hautes Etudes de l’Amérique Latine[2] explique que « pour certains hommes, le féminicide constitue un ultime recours pour posséder et contrôler une femme; c’est là l’expression maximale de leur domination« . Le féminicide a ici pour objet de faire du meurtre d’une femme un acte politique

On amalgame ainsi sous une même étiquette fourre-tout avortements des filles en Chine et les violences conjugales en France. Il est vrai que ces phénomènes graves existent et doivent faire l’objet de condamnations morale, politique et judiciaire – il est important de le rappeler en cette journée contre les violences faites aux femmes – mais sont-ils vraiment de même nature ? relèvent-ils vraiment des mêmes ressorts ?

L’avortement des filles en Chine est le fruit d’une politique familiale meurtrière qui exige des mères d’avorter sous des pressions sociale et fiscale. Il n’est donc pas question ici de féminicide mais d’une volonté eugéniste des familles d’avoir un enfant « projet » façonné par un contexte social particulier. En effet, si la situation fiscale et économique venait à rendre préférable d’avoir des filles en Chine, ce serait les garçons qui seraient avortés.

Pour ce qui est des violences conjugales, OLF explique que  « la violence machiste est la première cause de mortalité des femmes de 16 à 44 ans dans le monde ».[3] Les coupables de  violences conjugales sont-ils effectivement les « machistes » ? L’homme qui bat puis tue sa femme, ne la tue pas parce qu’elle est femme mais parce qu’elle est son épouse, la personne avec qui il vit. Parler de féminicide sous-tend qu’en tuant sa femme, le mari violent à chercher à atteindre toutes les femmes, tout ce qui faisait de la victime une femme. Lorsqu’un homme tue son épouse, il ne milite pas pour le patriarcat, il ne pose pas un acte politique, il commet un meurtre. Il s’agit d’un crime, qui doit être puni, et d’autant plus sévèrement que le crime vient trahir la relation de confiance, de solidarité et de responsabilité mutuelle attendue entre époux. Il s’agit en droit français, de ce qu’on appelle une circonstance aggravante.

Le dernier argument de ceux qui promeuvent la notion de « féminicide » est  que le droit français fait une distinction avec le parricide et l’infanticide en cas de meurtre. Il s’agit d’une notion différente, puisque non liée au sexe, mais à l’âge d’une part (nous avons tous un jour été enfant) et au statut relationnel entre victime et coupable. La raison de cette distinction est la protection qu’accorde le droit aux personnes plus faibles sur lequel autrui exerce un ascendant moral et physique.

Le droit français dans un souci d’égalité devant le droit n’a pas cherché à faire de distinction entre hommes et femmes. La soumission morale et affective, la dépendance physique et économique de telle ou telle victime étant à démontrer au cas par cas devant le juge. Les femmes ne sont pas des êtres dépendants ou soumis par nature. A ce titre nous pensons qu’en pratique, l’instauration d’une notion d’inégalité protectrice en matière de violence à l’intention des femmes – qui permettrait de couvrir un champ plus large que le meurtre sans être restreint par la motivation de l’acte – serait plus intéressante que celle de « féminicide ».  Nous souhaiterions également que pour lutter contre les violences physiques spécifiquement faites aux femmes, que les coupables soient condamnés et effectuent leurs peines jusqu’au bout.

Et puis finalement, la notion de « féminicide » n’est-elle pas un peu restrictive ? Qu’en est-il des transsexuels ? Jugera-t-on le féminicide selon leur sexe d’origine, ou de choix ? Qu’en est-il du sexe de l’auteur ; une femme peut-elle commettre un féminicide ? On reconnait bien que les femmes peuvent elles aussi faire preuve de misogynie. Enfin, une femme qui se suicide commet-elle un féminicide ?

 

[1] https://osezlefeminisme69.wordpress.com/2014/11/22/communique-de-presse-nouvelle-campagne-olf-reconnaissons-le-feminicide/

[2] http://www.huffingtonpost.fr/elsa-godart/le-feminicide-le-meurtre-du-feminin/

[3] https://reconnaissonslefeminicide.olf.site/

5 Comments

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  1. 2
    max

    « A ce titre nous pensons qu’en pratique, l’instauration d’une notion d’inégalité protectrice en matière de violence à l’intention des femmes – qui permettrait de couvrir un champ plus large que le meurtre sans être restreint par la motivation de l’acte – serait plus intéressante que celle de « féminicide  »

    Et pourquoi donc ?

    On ne le sait que trop peu, mais environ 30% des victimes de violences conjugales sont des hommes. La violence domestique est un problème qui dépasse largement le cadre du sexe, pour preuve les couples dans lesquels les violences sont les plus nombreuses sont les couples homosexuels. Il n’existe pas de « violence de genre », et l’égalité en droit est nécessaire pour aborder ces problèmes. Il convient de juger au cas par cas, sans tomber dans les poncifs et autres généralisations. Une femme qui agresse son compagnon au couteau commet-elle un acte moins grave que dans le sens inverse ?

    Pour le reste, j’adhère à votre article et à votre dénonciation de la notion fallacieuse de « féminicide ».

    Bonne continuation, et bravo pour votre travail.

  2. 3
    Un bel inconnu (ouhlàlà)

    Une fois de plus on invente un mythe en généralisant quelques cas pour systématiquement ou le plus souvent possible – dès qu’il y a un « doute » décidé par la bien-pensance – faire passer l’homme pour un cogneur… Un mythe qui sera repris à tue-tête par les médias alignés : image, affiche, réseaux etc.
    Non seulement sous la pression sociale, l’homme va devoir fermer sa gueule définitivement (s’il s’y soumet), mais en plus cette nouvelle sous-idéologie ajoute à la confusion entre homme et femme, et va à l’inverse du bon sens, dans une société responsable, qui serait plutôt de les aider à se comprendre, de sortir de cet égocentrisme, individualisme, pour construire une relation durable – et je parle bien de bon sens pas de psychanalyse à la con !
    Vous remarquerez chère Antigone, que ce nouveau dada oligarchique s’imbrique parfaitement dans la pyramide d’illuminés qui nous gouvernent, puisque ce « féminicide » participe de la volonté de tuer le couple, donc la famille, donc à terme la démographie du pays ! déjà très limite.

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