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Il y a quelques mois, le gouvernement avait commandé à une commission d’experts un rapport sur les « 1000 premiers jours de l’enfant » pour savoir comment mieux accompagner les parents de jeunes enfants. Nous avions alerté à cette annonce sur le risque totalitaire d’une immixtion toujours plus grande de l’Etat au cœur du quotidien des familles. Le rapport est rendu, son contenu vient malheureusement confirmer nos inquiétudes.
Une analyse d’Anne Trewby pour Les Chroniques des Antigones
Dans un contexte économique difficile, avec l’extension de modèles de vie qui contribuent toujours plus à la dissolution de la cellule familiale et des lois qui précarisent les familles, c’est vers l’Etat que se tournent des parents de plus en plus isolés pour obtenir une aide traditionnellement assurée par l’entourage proche. Nous le disions déjà il y a quelques mois, cette aide à une contrepartie non négligeable : l’abandon progressif de la responsabilité des parents en faveur d’un Etat devenu juge de leurs choix éducatifs.
Le rapport des « 1000 jours » se cache deriière 1000 précautions oratoires et références scientifiques pour réinventer la poudre. Merci à nos experts, il m’aura fallu une trentaine de pages pour apprendre qu’un bébé, ca interagit avec son entourage dès la grossesse, que les parents , dont les rôles sont… complémentaires, ont besoin de soutien extérieur pour faire face à leurs responsabilités, ou encore que plus une mère est isolée, plus elle risque le burn out et la dépression. Après tout, ça ne fait que quelques milliers d’années que les sociétés humaines se sont organisées, certes chacune à leur manière propre, selon ces constats, sans avoir besoin de la caution morale d’un énième comité Théodule. Enfin passons, ce n’est pas le nœud du problème.
Le nœud du problème, c’est que passées ces premières pages, le lecteur était en droit de penser qu’on allait enfin tirer les conclusions qui s’imposent de ces constats, se poser la question de l’avortement, puisque la vie in utero st si importante, du mariage, puisqu’il est si dur d’élever un enfant seul, de la précarité économique, puisqu’elle éloigne les parents du foyer. Mais non ! Cette fragilité croissante des familles, soulignée à juste titre par les auteurs du rapport, n’est à aucun moment interrogée. Présentée comme un état de fait, elle devient une donnée objective indépassable. L’Etat apparaît de ce fait comme un sauveur providentiel alors qu’il ne fait que s’immiscer à une place certes laissée libre mais qui ne lui revient pas pour autant.
Après avoir bien rappelé l’importance des rôles complémentaires des parents et du tissu social qui les entoure, le rapport constate que les femmes élèvent de plus en plus souvent leurs enfants seules, que les familles homo se multiplient ou encore que les parents « en situation de dépaysement » (immigrés, exilés, demandeurs d’asile, migrants.) ne s’en sortent pas. Un lien entre ces deux constats peut-être ? Oh non surtout, surtout, pas d’amalgame, les auteurs ne sont pas prêts à passer pour des méchants. Nous en resterons à cet exposé des faits surtout sans en tirer de leçons.
Comme nous n’avons pas ces fausses pudeurs, nous les tirerons à leur place. Ce ne sont pas des nouveaux modèles de famille qui émergent, c’est la structure même de la famille, c’est-à-dire la rencontre naturelle d’un homme et d’une femme en vue de fonder un foyer, et son corollaire social, le mariage qui se dissolvent peu à peu sous l’effet du délitement social et spirituel des cinquante dernières années et des attaques administratives et économiques continuelles qui sont faites aux familles. La situation économique actuelle fragilise des cellules familiales déjà isolées du fait de l’absence de réseaux d’entraides naturels de proximité. Parce que quand la famille étendue se trouve éclatée aux quatre coins de France, ou pire, qu’on arrive dans un pays étranger dont on ne maîtrise même pas la langue, on finit rapidement isolé. Le résultat, ce sont des foyers instables, de plus en plus souvent réduits à un parent dépassé par des responsabilités destinées à être partagées. Ces foyers en souffrance se tournent vers l’Etat pour qu’il règle leurs problèmes. L’Etat, quant à lui, est ravi de cette opportunité d’étendre son emprise sur une population qu’il peine par ailleurs à tenir sous sa coupe. Ce qu’il faut restaurer pour mieux accompagner les familles, c’est la valeur du mariage, ce sont les solidarités locales et familiales, c’est une unité plus grande du corps social.
Et il faut également remettre chacun à sa place et devant ses responsabilités. La famille est la cellule pré-politique de base de la société. Ce sont les parents qui délèguent, dans des circonstances particulières comme par exemple la garde ou l’instruction de leurs enfants, leur autorité parentale ; ce n’est pas l’Etat qui délègue une quelconque responsabilité aux parents. L’Etat n’a qu’un rôle de garde-fou et d’arbitre et n’est censé intervenir qu’en cas de manquement des parents à cette responsabilité, dans les cas de négligence ou de maltraitance notamment mais aussi d’incapacité physique ou économique. Le rôle de chacun est normalement clairement défini. C’est là où se situe l’erreur fondamentale du rapport des « 1000 jours : ce sont les cas limites, qu’il s’agisse de défaillances ou d’incapacités, qui sont mises en exergue au point d’en faire des situations générales.
Le résultat est une liste de mesurettes qui n’auront pour effet que de renforcer l’emprise et la surveillance de l’Etat sur les familles sans leur être d’aucune aide concrète au quotidien. Ajoutons que lorsqu’on remet le rapport des « 1000 jours » dans le contexte global des lois qui sont en passe d’être votées actuellement, et notamment la loi bioéthique, les conclusions du rapport ne choquent plus seulement par leur incohérence, mais carrément par leur hypocrisie.
Pour exemple le rapport mentionne le rôle « complémentaire » père-mère dans l’éduction des enfants sans interroger le bien fondé des PMA pour les femmes seules. Il est question de l’interaction parent-enfant primordiale lors des 1000 premiers jours de l’enfant tout en réduisant le congé parental sous couvert de mieux le rémunérer. Il parle « d’épuisement parental » de « manque de temps » et prévoie des rendez-vous avec des référents. Il parle d’exposition toxique pendant la grossesse et la phase préconceptionnelle en proposant un « programme de promotion » de santé publique. Au passage, il propose de sensibiliser aux stéréotypes autour de la parentalité et des bébés, c’est-à-dire en vrac, les stéréotypes de genre, sur le handicap ou le multiculturalisme.
A aucun moment le rapport ne s’attache à chercher des solutions visant à l’autonomisation objective des familles – du point de vue de la sécurité économique notamment. Il se contente de répondre aux conséquences de leur précarité par un contrôle croissant de leurs choix à travers l’attribution d’un référent et de campagnes promotionnelles de santé ou de vivre-ensemble. Or, le temps a bien montré que la conséquence à plus ou moins long terme de ce type de propagande, ce sont des obligations avec mesures coercitives potentielles. C’est ce qui s’est passé avec la vaccination ou encore l’école obligatoire.
Alors stop ! Assez des campagnes de sensibilisation culpabilisatrices, des rendez-vous administratifs supposés nous aider mais qui tournent au contrôle de bien-pensance. Assez des mesurettes chic choc type allongement du congé paternité quand derrière, c’est le congé parental qui se fait sabrer. Nous voulons la préservation de notre liberté éducative pleine et entière, c’est-à-dire concrètement pas de loi sur les choix éducatifs, de contrôle croissant des écoles hors contrat ou de limitation drastique de l’IEF. Nous voulons un soutien matériel et économique réel pour les familles, qui ne se paie pas à coups de contrôle de l’Etat. Des congés maternité et paternité, oui, mais aussi des congés parentaux que chaque famille serait libre de se répartir ou non comme elle le souhaite. Des allocations familiales non conditionnées aux revenus. Des abattements d’impôts et des retraites crédibles pour les mères qui sacrifient leur travail à l’éducation de leurs enfants. Un statut légal spécifique pour les mères au foyer, associé à une retraite spécifique et digne sans tomber dans le piège du salaire maternel.
Nous voulons que l’Etat reste à sa place une fois pour toute. Qu’il s’occupe des nombreux cas de maltraitance signalés et gérés parfois plusieurs années plus tard et qu’il laisse l’écrasante majorité des familles qui vont bien tranquilles.
Quant à l’argument des familles isolées, des foyers monoparentaux ou de ceux qui profitent de leur autorité parentale pour faire de leurs enfants de petits terroristes en puissance, il n’est qu’une bonne excuse. Plutôt que de faire payer les pots cassés de quelques-uns à l’ensemble des familles, faisons en sorte de réduire en nombre ces cas limite, en soutenant matériellement et symboliquement le mariage et la stabilité qu’il apporte, en réduisant drastiquement l’immigration de masse plutôt que « d’’encourager et de soutenir les familles qui souhaitent transmettre des valeurs et pratiques multiculturelles », ou encore en arrêtant de favoriser un capitalisme néo-libéral qui propose de faire travailler des mères seules le soir et le dimanche. Les cas limite doivent rester des cas limites et en aucun cas imposer à tous leurs normes de fonctionnement ou justifier des mesures liberticides et un contrôle des familles de plus en plus totalitaire.