Savons-nous encore transmettre ?

Notre programme de formation, consacré cette année au thème de la transmission, prévoit une séance d’auto-formation un jeudi par mois. Ces séances sont assurées par les membres du collectif Antigones, et peuvent consister en une courte conférence, suivie de débat, ou en une critique d’ouvrage. La production d’un texte publié sur le site internet suit systématiquement chacune de ces séances d’auto-formation ; elle est le fruit des réflexions de l’intervenante et de l’échange entre les personnes présentes à la permanence.

« Sans testament […] – qui choisit et qui nomme, qui transmet et qui conserve, qui indique où les trésors se trouvent et quelle est leur valeur – il semble qu’aucune continuité dans le temps ne soit assurée et qu’il n’y ait, par conséquent humainement parlant, ni passé, ni futur, mais seulement le devenir éternel du monde et en lui le cercle éternel des êtres vivants». H. Arendt

Pour télécharger le texte de la conférence : LesAntigones_LaCrisedelaTransmission

Parler de la crise de la société française est aujourd’hui un lieu commun – crise économique, sociale, éducative, monétaire, géopolitique… il semble qu’aucun domaine n’y échappe. Chacune de ces crises est différente, et peut être considérée séparément. Pourtant, on peut aussi envisager une approche globale de ce phénomène, interpréter ces crises sectorielles comme des symptômes d’une pathologie d’ensemble: une crise de la transmission qui les traverse toutes.

Transmettre, c’est confier à la génération montante les éléments structurants et hiérarchisants de la vie humaine reçus de la génération qui s’éteint. La transmission peut-elle alors être assimilée à la tradition ? Transmission et tradition ne sont pas identiques – mais l’un peut-il exister sans l’autre ? La tradition est le cadre mémoriel qui permet de structurer l’héritage du passé pour le rendre efficient dans le temps présent. La rupture historique amorcée au XIXe siècle, et consommée par le phénomène des totalitarismes, conduit Hanah Arendt à parler de « fin de la tradition ». La crise de la culture en développe les implications.

A travers les propos de Hanah Arendt, Isabelle analyse et retrace les enjeux d’aujourd’hui, et nous propose un regard croisé sur la transmission telle qu’elle s’opère dans les sociétés traditionnelles, et l’imposition des idéologies dans l’univers occidental moderne. Le rapprochement qu’elle opère entre la pensée d’Hannah Arendt et les considérations anthropologiques de Mircéa Eliade introduit l’idée d’un lien structurel existant entre transmission, tradition, et sacralité.

Son travail permet de prendre conscience de la globalité de cette crise, dont les enjeux sont multiples. Mais Isabelle ne se contente pas d’une photographie intellectuellement satisfaisante de la situation : elle suggère, en conclusion de ce travail, les lignes directrices pour un renouvellement en profondeur de notre société. Son intervention est une invitation à la responsabilité : selon le mot de H.Arendt, nous sommes « responsables de la continuité du monde ».

Un extrait du texte de la conférence :

« La transmission se fait par le contact de personne à personne dans les familles, dans les communautés locales, dans les écoles libres – dans tous ces fameux « corps intermédiaires » qui structurent la vie sociale dans toutes les sociétés, sauf les sociétés totalitaires. L’idéologie au contraire s’impose de haut en bas, de l’Etat à l’individu, par l’intermédiaire d’une administration tentaculaire.

Pour retrouver le texte de l’intégralité de la conférence, c’est ici.

transmettre pour construire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.